Le groupe de médias indépendants dirigé par le journaliste algérien Ihsane El Kadi, emprisonné depuis fin 2022, a cessé ses activités le 19 juin après la dissolution de la société éditrice par la justice algérienne, et ce quelques semaines avant la présidentielle du 7 septembre.
De manière étrange, le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord, le journaliste algérien Khaled Drareni, habitué aux proclamations tonnantes, n’a réagi que mollement à cette annonce, reprenant sur son compte X (ex-Twitter) le communiqué de Radio M. Un silence qui en dit long alors que le régime algérien, décidé à à en finir avec les voix opposantes, avait dans un premier temps saisi les équipements de la station fondée en 2013 et mis sous scellés de ses locaux.
Avant un an, en 2023, la cour d’appel d’Alger a alourdi la peine d’Ihsane El Kadi, en le condamnant à sept ans de prison, dont cinq ans sans sursis. En première instance, M. El Kadi, poursuivi pour «financement étranger de son entreprise», avait écopé de cinq ans de prison dont trois ans ferme. M. El Kadi, connu pour son ton audacieux, était à la tête d’un des derniers groupes médiatiques alternatifs indépendants d’Algérie – qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Émergent – avant son arrestation pour des motifs fallacieux, fin 2022.
Il a été accusé par le régime «d’avoir reçu des sommes d’argent et des privilèges de la part de personnes et d’organisations dans le pays et à l’étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État et sa stabilité», des incriminations improvisées et retenues contre les bêtes noires du régime. La justice avait également acté la dissolution de sa société Interface Médias et la confiscation de tous ses biens saisis, en plus de lourdes amendes prononcées.
Pour rappel, selon le dernier classement de l’ONG Reporters sans Frontières, l’Algérie a dégringolé de trois places en 2024 en termes de liberté de la presse, se positionnant à la 139ᵉ position sur 180 pays audités, un index vivement contesté par des individus devenus mégaphones des thèses algériennes, comme Ali Lmrabet qui a annoncé ouvertement la suspension de toute collaboration avec RSF.