Des milliers de manifestants ont investi les rues de la capitale algérienne ce 24 décembre, défiant les appels à une journée de deuil pour le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, mort lundi, exigeant un État civil et des réformes radicales.
Le puissant chef d’état-major militaire Ahmed Gaid Salah est décédé lundi d’une crise cardiaque à l’âge de 79 ans. Le président Abdelmadjid Tebboune, récemment investi, a appelé à trois jours de deuil national.
Les Algériens ont poursuivi mardi leurs manifestations hebdomadaires dans la capitale Alger malgré les appels à une journée de deuil à la suite de la mort du chef de l’armée qui, selon les manifestants, personnifie le système qu’ils souhaitent démanteler.
Ahmed Gaid Salah est mort lundi d’une crise cardiaque à l’âge de 79 ans, selon les médias locaux, faisant plonger le plus grand pays d’Afrique dans l’incertitude, aggravée par une crise politico-institutionnelle sans précédent.
Abdelmadjid Tebboune, le président nouvellement élu et proche des militaires a appelé à trois jours de deuil, mais les étudiants ont poursuivi leur action, comme ils font chaque semaine depuis le début des manifestations anti-gouvernementales fin février.
Toutefois, les manifestants se sont abstenus de scander des slogans ou de brandir des pancartes visant directement Gaid Salah lors des manifestations de mardi.
Les funérailles de l’ancien chef de l’armée auront lieu mercredi, a annoncé la présidence, ajoutant que son corps serait inhumé au cimetière d’El-Alia, dans l’ouest d’Alger, lieu symbolique abritant le carré des martyrs de la révolution et dernier lieu de repos d’anciens présidents et d’emblématiques personnalités algériennes.
Les manifestations précédentes avaient visé nommément Gaid Salah, en particulier après l’annonce de l’élection présidentielle du 12 décembre rejetée par les différents courants de la rue, qui exigeaient des réformes politiques profondes et le départ du régime avant tout scrutin.
La contestation a continué malgré l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, les manifestants ayant rejeté son invitation au dialogue et son vœu de nommer de jeunes ministres et de faire pression pour promulguer une nouvelle constitution.
Des rumeurs avaient circulé avant la marche de mardi selon lesquelles la manifestation étudiante serait annulée. La présence policière était légère, et la foule progressant pacifiquement avant d’être dispersée par les forces de sécurité en début d’après-midi.
Ils ont scandé «Pas de dialogue», rejetant l’offre de négociations du nouveau président et ont déclaré qu’ils poursuivraient les manifestations qui ont fait sortir des millions de personnes au début de l’année et des dizaines de milliers au cours des derniers mois.
Les manifestations, qui tiennent lieu tous les mardis et vendredis depuis février, visent à renverser l’élite dirigeante, le retrait de l’armée de la politique et à mettre fin à la corruption.
« Un État civil et non un État militaire », ont scandé les manifestants mardi lors du rassemblement.
En l’absence de direction ou d’organisation officielle, le mouvement de protestation a fait preuve d’endurance en maintenant la pression de la rue pendant plus de 40 semaines consécutives, en répondant avec agilité aux événements en cours.
En avril, il a remporté son plus grand succès lorsqu’Ahmed Gaïd Salah est apparu à la télévision publique pour exhorter son ancien allié, le président Abdelaziz Bouteflika, à se retirer après 20 ans au pouvoir.
Jusqu’à présent, l’État a autorisé la poursuite des manifestations, espérant entamer la volonté des manifestants tout en leur concédant quelques concessions, notamment l’arrestation pour corruption de responsables de premier plan proches de Bouteflika.