Le mouvement populaire de contestation Hirak a défilé, vendredi 28 février, malgré l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 sur le territoire algérien. Résilient, il appelle à la fin d’un «système» qui souhaite se régénérer.
Pour le premier vendredi après la célébration du premier anniversaire du Hirak algérien, et alors que les autorités algériennes ont fait état d’une personne contaminée par le coronavirus après un séjour en Italie, de très nombreux Algériens sont descendus dans la rue, le 28 février, dans la capitale, Alger. La foule a été décrite par des médias locaux comme étant d’une grande ampleur. La participation est impossible à préciser en raison notamment de l’absence de comptage officiel.
Les manifestants, dont beaucoup de femmes, crient à l’unisson «Makache istislam [«pas de retour en arrière»] », «État civil et non militaire». Le mouvement populaire de contestation qui secoue le pays pétrolier depuis février 2019, réclame désormais le démantèlement de la totalité du Pouvoir, nom donné aux élites qui président aux destinées du pays depuis l’indépendance du pays en 1962 et souhaite l’empêcher de se régénérer.
Une dizaine de personnes ont été arrêtées lors de cette manifestation, ont constaté des journalistes locaux, alors qu’elle marchait du quartier populaire de Bab el-Oued au nord de la capitale jusqu’à la Grande Poste, bâtiment historique devenu l’épicentre du mouvement de contestation. Des policiers en tenue anti-émeutes, étaient sur les lieux et observaient la situation, selon des médias sur place.
«Pas de retour au passé», «on jure que l’on ne s’arrêtera pas», a-t-on entendu alors que la foule humaine se mettait en marche, en début d’après-midi, pour un 53e vendredi consécutif de mobilisation dans le centre emblématique de la capitale. «Vous êtes encore plus dangereux que le coronavirus», ont scandé les manifestants «Eh l’armée, fini votre hégémonie !», ont-ils aussi lancé à l’adresse du chef d’état-major de l’armée le général Saïd Chengriha, qui a succédé à Gaïd Salah au poste névralgique de chef d’état-major de l’armée algérienne, après la mort de ce dernier.
D’autres défilés similaires ont également eu lieu dans au moins une dizaine d’autres villes et localités d’Algérie, selon des reporters locaux et les réseaux sociaux. Elles ont drainé des foules importantes, notamment à Annaba Mostaghanem et Constantine, les grandes métropoles du nord-est algérien, ont indiqué des sites d’information en ligne.