S’il faut se fier aux médias électroniques et aux youtubeurs, l’Algérie serait sur le point de déclencher la guerre au Maroc, qu’elle a déployé ses troupes le long de la frontière Ouest et que la moindre escarmouche provoquerait la guerre.
Cela ressort malheureusement des titres et comptes rendus de certains sites électroniques, qui émettent depuis l’étranger. «Première réunion d’un conseil de guerre», «Alger bat les tambours de guerre», lit-on sur ces sites, qui présentent la situation aux frontières entre les deux pays, comme alarmante et inquiétante. Cet alarmisme est alimenté par la réunion du Haut conseil de sécurité à Alger, qui aurait regroupé uniquement les militaires autour du président Tebboune, en l’absence de la composante civile.
Personnellement, j’y vois une grave manipulation.
Dans le contexte de crise internationale, conséquente à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, caractérisée aujourd’hui par l’enlisement de Moscou dans un conflit dont elle avait mal calculé les conséquences, s’engager dans une guerre contre le Maroc, serait pour l’Algérie, non seulement une grave aventure, elle, dont l’armement provient exclusivement de Moscou, mais un suicide. Il va falloir tenir, à mon avis, raison gardée. Le haut conseil de sécurité se serait tout simplement réuni sans sa composante civile, parce qu’il devait débattre et s’informer de questions strictement sécuritaires confidentielles, absolument réservées à l’armée et aux services de sécurité, tous corps confondus (sécurité nationale, renseignements, espionnage qui relèvent tous de l’armée et Tebboune). La composante civile n’est associée au haut conseil de sécurité que pour la forme. Chengriha devait, à cette occasion, briffer ses interlocuteurs sur les résultats de sa mission en France : commande d’un armement sophistiqué et neutralisation éventuelle des opposants algériens en France (La république de Kabylie en exil et les différents youtubeurs algériens, dont la nuisance à l’Algérie, principalement auprès de la communauté algérienne en Europe est assez forte).
La commande militaire auprès de la France ne signifie nullement que l’Algérie se soit tournée vers les pays occidentaux concernant ses besoins militaires. Cela fait suite aux pressions américaines tendant à interdire à l’Algérie de nouvelles acquisitions de l’armement auprès de la Russie, et donc à stopper le financement de la guerre en Ukraine via l’Algérie. L’Algérie décide alors d’acheter une partie de ses besoins militaires depuis la France, comme pour faire croire aux occidentaux qu’elle s’exécutait, alors que Moscou multipliait de son côté, les pressions sur Alger, pour accueillir, en pleine guerre, un de ses fidèles alliés, pour une visite officielle (en mai prochain).
Tebboune devrait-il se rendre d’abord à Paris, puis à Moscou, au cours du même mois ! La Russie devrait demander à l’Algérie des explications sur deux dossiers épineux : la multiplication des contrats avec l’Europe pour les fournitures de gaz, au point de risquer de dispenser cette dernière des importations du gaz russe !. Ce qui signifie en clair que l’Algérie trahit son allié traditionnel russe. Sur l’armement, l’Algérie continuera d’acheter à la Russie.
L’Algérie avait programmé initialement un budget militaire de 23 milliards de dollars, soit le doublement de ses achats. Elle avait fait semblant de réduire de cinq milliards de dollars ce budget, en transférant la différence à la présidence, dont le budget a été multiplié par quatre, et le ministère des finances. Un jeu d’écritures tout simplement, par lequel les autorités algériennes entendent leurrer les pays occidentaux. Quand à la potentielle guerre contre le Maroc, il y’a lieu de souligner que le Royaume ne dort pas sur ses lauriers. Il est depuis 1975 sur ses gardes et observe une vigilance accrue, doublée d’un potentiel d’assurance et de confiance en soi, sur tous les plans. «Que satan soit maudit par Dieu», serait-on tenté de dire en conclusion.
*journaliste et écrivain