Collectes de matériel médical, fabrication de gel hydroalcoolique, distributions alimentaires pour les hôpitaux: en Algérie, toute une chaîne de solidarité s’est mise en place pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus et pallier les faiblesses du système de santé.
L’Algérie, qui a enregistré officiellement 29 décès et 454 cas de Covid-19, a décrété le confinement total du principal foyer de contamination, à Blida, à l’ouest d’Alger, et un couvre-feu dans la capitale.
Tandis que l’activité économique ralentit, la cadence s’accélère dans les hôpitaux. Les professionnels de santé, qui déplorent le manque de ressources et les piètres conditions de travail et prise en charge des patients, redoutent le pic à venir de l’épidémie. « Où est l’Etat algérien ? Où est le ministère de la Santé ? Où sont les 50 millions de bavettes (masques) », s’est indignée une médecin, appelant à une « collecte citoyenne » de matériel.
En attendant que les efforts de l’Etat se concrétisent, les Algériens répondent en faisant don de modestes collectes aux services en ayant le plus besoin. Lorsque les produits ne sont plus disponibles en pharmacie, les professionnels du privé font don des stocks de leurs cabinets pour soutenir le secteur public, dont les besoins ont soudainement augmenté.
A Tizi Ouzou, à l’est d’Alger, les étudiants en pharmacie et chimie de l’université Mouloud-Mammeri s’attellent à la fabrication de solutions hydroalcooliques, une initiative désormais imitée par d’autres établissements, selon les médias locaux. Outre le matériel médical, des bénévoles se chargent aussi du ravitaillement alimentaire. A Oran, des organisations caritatives, en coordination avec les autorités, livrent désormais des repas aux hôpitaux.
Réagissant à l’arrêt des transports publics, l’application VTC Yassir propose –en collaboration avec des conducteurs « volontaires »– un service gratuit à destination des médecins, infirmiers, aides-soignants et agents d’entretien. La plate-forme a aussi mis à disposition un annuaire médical pour des consultations en ligne afin de « désengorger les hôpitaux et les cabinets qui représentent un milieu favorable à la propagation du virus ».
Face au virus, le mouvement de contestation antirégime (« Hirak ») qui secoue l’Algérie depuis treize mois a dû suspendre ses manifestations hebdomadaires. Dans un clip vidéo, les artistes et militants qui avaient lancé le tube « Libérez l’Algérie » à l’adresse du régime au printemps 2019, exhortent désormais les Algériens à préserver leur santé.
La police aussi participe à l’élan citoyen, à sa façon: elle a utilisé ses camions antiémeute équipés de canons à eau pour la dispersion des manifestations afin de nettoyer les rues des grandes villes.