Le projet de loi visant à imposer le silence aux militaires à la retraite en Algérie est « anticonstitutionnel », « anti-Benhadid » et terrorisant les officiers, selon les avocats du général à la retraite, Hocine Benhadid, qui est toujours en détention provisoire.
« Ce projet de loi est contraire à la Constitution. Le droit d’expression sans toucher à la vie privée des personnes est garanti pour chaque Algérienne et chaque Algérien. Seule la justice peut priver les citoyens de leurs droits fondamentaux », affirme Me Mostefa Bouchachi, cité par TSA.
S’exprimant lors d’une conférence de presse ce samedi 11 juin à Alger sur la détention du général Benhadid, l’avocat se dit surpris de voir « tous les pays avancer en 2016 et voir que l’Algérie recule ». « Aucun pays n’a une loi pareille. On peut interdire (aux militaires à la retraite de divulguer des secrets militaires liés à la défense nationale », insiste-t-il, « mais on ne peut pas les empêcher de donner leurs avis » notamment sur la vie politique du pays.
« Sans exagérer, on peut dire que c’est une loi anti-Benhadid. Sans compter l’avertissement lancé aux autres (officiers) », assure-t-il. D’ailleurs, l’affaire de Hocine Benhadid n’est pas « juridique ». C’est « une affaire politique et une affaire de vengeance », estime Me Bachir Mecheri. « Maintenant, on a peur de la justice qui est utilisée comme un instrument pour faire taire les gens », avance l’avocat qui a qualifié le dernier amendement de « terrorisme » contre les « officiers à la retraite » ou « qui sont toujours en service ».
Cela veut dire qu’à chaque fois « que quelqu’un parle, il lui arrivera ce qui est arrivé au général Benhadid. C’est un message aux autres officiers », selon lui. Pour Khaled Bourayou, si ce projet de loi est adopté, il sera le prélude à d’autres textes qui vont « faire taire la liberté d’expression ».