L’armée algérienne, véritable détenteur du pouvoir, a dissuadé par deux fois le président Bouteflika, de toute ouverture potentielle en direction du Royaume du Maroc, alors qu’il avait manifesté tout au début de son premier mandat, beaucoup d’enthousiasme en direction du Maroc, de son Souverain et du trône alaouite.
L’Algérie avait accueilli en 2005 (22-23 mars) un sommet arabe, auquel SM le Roi Mohammed VI avait participé, prorogeant même son séjour dans la capitale algérienne, après le sommet, afin de pouvoir s’entretenir avec le président Bouteflika.
Les deux chefs d’Etat se retrouvaient ainsi pour la deuxième fois, depuis l’intronisation de SM le Roi Mohammed VI. Le Souverain avait reçu le président Bouteflika à la résidence du Royaume du Maroc à New York, en marge de la 58eme session de l’assemblée générale de l’ONU, le 24 septembre 2003. Le président Bouteflika avait, rappelle-t-on, participé aux obsèques de feu SM le Roi Hassan II (le 25 juillet 1999) à Rabat et présenté ses condoléances au nouveau Souverain et à la famille Royale.
Le président Bouteflika, qui avait été élu au mois d’Avril 1999 à la magistrature suprême, comme candidat de l’armée, avait manifesté, dans des messages adressés à Feu SM le Roi Hassan II, beaucoup d’enthousiasme pour la normalisation des relations avec le Royaume, et ce, quelques mois seulement avant le décès du Souverain marocain. Ses messages étaient élogieux à l’égard du Souverain et du trône alaouite. La ferveur de Bouteflika n’aura pas duré longtemps. Il avait participé personnellement aux funérailles du Souverain marocain, échangeant des accolades avec des membres de la garde Royale, qui voyaient dans sa présence, un indicateur et un bon signe de la normalisation imminente des relations entre les deux pays.
Le 14 août 1999 se produisit un grave attentat dans la région de Béchar, ou un groupe terroriste monta un faux barrage routier, tuant 29 passagers d’un autocar. Bouteflika qui était en tournée dans le pays, condamna cet attentat, et accusa le Maroc de donner refuge aux terroristes, qui se seraient repliés sur notre territoire. Quelques jours plus tard, il se rendit à Bechar ou il reprit ces mêmes accusations, alors que le Royaume avait démenti les faits et demandé à Alger de produire les preuves de ses accusations.
L’attentat de Bechar tendait-il à dissuader Bouteflika de poursuivre son ouverture en direction du Maroc ?
Depuis cette date, a fini l’enthousiasme qu’il manifestait à l’égard du Royaume. Ses accusations contre le Royaume se sont révélées fausses, quelques années plus tard, lorsque le Général Lamari, Chef d’état major de l’armée algérienne, avait affirmé que son pays n’avait aucune preuve, qui établirait le repli sur le territoire marocain des groupes terroristes algériens.
À partir de là, on peut considérer que le déplorable attentat de Béchar avait pour unique objectif de dissuader Bouteflika de toute ouverture en direction du Royaume du Maroc. Une mise en demeure au président, au commencement de son premier mandat, dirait-on.
La même stratégie avait été adoptée, au lendemain du sommet Mohammed VI-Bouteflika à Alger, en marge du sommet arabe, au mois de mars 2005. Alors que les deux chefs d’Etat, réunis en tête-à-tête pendant deux heures, sans témoins, avaient convenu de faire taire les campagnes médiatiques hostiles réciproques, de s’en remettre aux Nations unies, s’agissant de la question du Sahara, et d’œuvrer en vue développer les relations entre les deux pays, Bouteflika suspend la trêve, en vigueur sur le terrain, trois semaines plus tard, en envoyant un message à «son homologue » Mohamed Abdelaziz, dans lequel il l’assure qu’il se rendait au sommet maghrébin de tripoli, qui devait se tenir dans les semaines qui suivaient, «fidèle aux engagements de l’Algérie, à l’égard de la lutte du « peuple sahraoui ». Ce sommet ne s’était d’ailleurs pas tenu, en raison du refus du Maroc d’y participer.
Le message de Bouteflika signifiait en termes clairs, la renonciation aux engagements pris avec le Souverain marocain. Le ministère marocain des affaires étrangères avait alors rendu public un communiqué dans lequel il révèle, pour la première fois, le contenu des entretiens au sommet, sans jamais être démenti par Alger.
L’Objectif de l’armée, là aussi, était d’acculer Bouteflika à ne pas honorer les engagements qu’il avait pris, car, suspendre les campagnes médiatiques algériennes contre le Maroc signifiait la fin de «la cause sahraouie » en Algérie, car la cause sahraouie n’a aucune existence et aucun impact, sans les campagnes permanente de la presse algérienne, auprès du peuple algérien.
*journaliste et écrivain