La vague répressive sans précédent qui sévit en Algérie sans relâche contre les opposants et les activistes politiques antirégime continue. La dernière victime de la dictature militaire est un militant associatif kabyle âgé de 75 ans.
Mohand Taferka, ancien animateur de Berbère Télévision établi à Paris, a été condamné, mardi 25 juin, à deux ans de prison ferme et à une amende de 50 000 dinars (3 700 dirhams environ) par le tribunal de première instance d’Alger. Le parquet avait requis une peine de 15 ans de prison ferme.
Le régime algérien l’accuse d’appartenir au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé comme «organisation terroriste» depuis mai 2021. Il était poursuivi sur la base de l’article 87 bis du code pénal algérien pour ses liens présumés avec le mouvement indépendantiste.
Il a fallu attendre la prise de pouvoir par le général Saïd Chengriha pour que le MAK soit frappé du sceau de l’illégalité, alors qu’il était toléré par tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance. Les chefs du mouvement vivent en exil, principalement en France, qui leur garantit jusque-là la protection juridique.
Le 20 avril, le président du MAK Ferhat Mehenni, condamné par contumace à la perpétuité par un tribunal d’Alger, a proclamé l’indépendance de la Kabylie devant le siège de l’ONU à New York. L’annonce coïncidait avec le 44e anniversaire du Printemps berbère, en référence au soulèvement du peuple kabyle en 1980 réprimé dans le sang.
Mohand Taferka, de son vrai nom Mohand Akli Barrache, a été arrêté le 15 novembre 2023. Il était rentré l’année dernière en Kabylie via le port d’Alger pour une visite familiale, relate le média tamurt.info. Alors qu’il s’apprêtait à embarquer vers Marseille depuis le même port, le 27 avril 2023, il a été arrêté par la police algérienne des frontières (PAF).
Après plusieurs mois d’attente, il a été auditionné par un juge d’instruction près le tribunal Sidi M’hamed le 15 novembre 2023. À la fin de son audition, le même juge avait ordonné son placement sous mandat de dépôt à la prison de Koléa, où il est détenu à ce jour malgré son état de santé très critique, poursuit le même média.
«Comment diable peut-on porter atteinte à l’unité nationale à partir d’un hangar de Montreuil transformé en centre culturel et dans lequel ont défilé tant d’hommes et de femmes de culture depuis de si nombreuses d’années ?», s’interroge Le Matin d’Algérie, qui lance un avertissement. «De toutes évidences, telle condamnation porte l’empreinte d’un avertissement pour tous ceux qui militent pour la survie des cultures du terroir, essentiellement kabyle, nous l’avons bien compris !»
Malgré les mises en garde des organisations internationales et du Parlement européen, le régime algérien s’est lancé à la pourchasse des opposants et à l’enterrement des espoirs d’émancipation enclenchés par le Hirak (2019-2022). Toute voix contestataire finit automatiquement derrière les barreaux, où la torture systématique est devenue une pratique banalisée, selon les témoignages d’anciens détenus ayant quitté le pays.