Dans un régime autoritaire comme celui de l’Algérie, tout le monde sait que les jeux sont faits d’avance. L’élection présidentielle du 7 septembre ne dérogera pas à cette règle. Le protégé de l’armée compterait rempiler pour un deuxième mandat, même si, dans une interview télévisée récente, il a laissé planer le suspense sur sa candidature.
C’est ce sentiment que vient d’exprimer le parti Jil Jadid, né dans le sillage du printemps arabe et l’une des dernières voix autorisées à être audibles par la dictature militaire, dont le poing de fer ne suscite curieusement aucune gêne chez les présumées organisations prodémocratie dans les pays qui s’approvisionnent en gaz algérien.
La formation de Soufiane Djilali a décidé de ne pas présenter de candidat. La dernière présidentielle, remportée par Abdelmadjid Tebboune et marquée par une abstention record, a eu lieu le 12 décembre 2019. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, chassé par un mouvement de contestation populaire (2019-2022) lourdement réprimé.
Le constat du parti est clair, limpide et réaliste : un deuxième mandat du président Abdelmadjid Tebboune «s’impose de fait», en l’absence des conditions d’une «une compétition valide».
Mettant à nu la propagande officielle, Jil Jadid estime que les responsables du régime Bouteflika «se maintiennent encore aux commandes». C’est-à-dire ceux contre qui le peuple s’est soulevé durant le Hirak.
Le chef de l’Etat a souvent miroité aux Algériens qu’il est en train de combattre «la îssaba» (clique de Bouteflika), qu’il accuse de tous les maux du pays depuis sa création en 1962, alors qu’il en a fait partie pendant plus de quatre décennies.
La dictature militaire en Algérie a réussi à museler, sans vergogne, toutes les voix réfractaires et ramené la société des années en arrière en termes de liberté, selon les conclusions de plusieurs rapports internationaux.
Redoutant les foudres de généraux avides de revanche sur une société croyant s’en être débarrassés sous l’ère Abdelaziz Bouteflika, les opposants ont choisi de plier l’échine et les militants sont devenus des réfugiés politiques, en France essentiellement. Car les hommes de la décennie noire, resuscités par Tebboune, ne vont s’arrêter devant rien pour assouvir leur soif de vengeance, de pouvoir et de dollars.
Entretemps, le pauvre peuple algérien court derrière les citernes d’eau pour remplir des bidons. À Tiaret ou ailleurs, le décor est le même : l’humiliation continue de citoyens impuissants face à leurs bourreaux. Y a-t-il quelqu’un pour entendre leur cri de détresse ?