Le ministre algérien de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, a tancé, le 3 décembre, les opposants au scrutin présidentiel, prévu le 12 décembre.
Le ministre algérien de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, s’en est pris de manière virulente, le 3 décembre, aux irréductibles opposants à la présidentielle contestée du 12 décembre en Algérie.
Diffusés par des chaînes de télévision privées, les propos du ministre, qui s’exprimait devant le Conseil de la nation, la chambre haute du Parlement, ont été immédiatement largement diffusés sur les réseaux sociaux où ils ont provoqué une indignation unanime.
Dans l’extrait incriminé, il dénigre notamment le mouvement de contestation qui sévit dans le pays depuis le 22 février, et qui refuse de prendre part au scrutin suprême. «Aujourd’hui, il subsiste une pensée colonialiste qui utilise une partie des Algériens ou plutôt pseudo-Algériens, des traîtres, des mercenaires, des homosexuels. Nous les connaissons. Ces derniers se sont rangés derrière ces gens-là. Ils ne sont pas avec nous et nous ne sommes pas avec eux», a déclaré le ministre, sans nommer explicitement ceux visés par ses propos.
Il a ensuite cité des écrits de Cheikh Bouamama et d’Abdelhamid Ibn Badis, nationalistes algériens des XIXᵉ et XXᵉ siècle, appelant à combattre la France coloniale et ajoute : «Nous devons être unis et donner une leçon le 12 décembre pour démontrer l’unité du peuple algérien et protéger notre indépendance».
La présidentielle du 12 décembre, soutenue et portée par le chef d’état-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, homme fort du régime depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, doit élire le successeur de ce dernier, contraint à la démission début avril par un mouvement populaire et inédit de contestation de la coalition en place. La rue revendique désormais le démantèlement total de la phalange au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Le mouvement contestataire et une très large partie de la population s’opposent à la tenue de la présidentielle, jugée comme une aubaine destinée à assurer la survie du régime, dont sont issus les cinq candidats. Plusieurs sites d’informations en ligne ainsi que les médias sociaux ont dénoncé un «grave dérapage du ministre», des «propos surréalistes» ou «scandaleux».