La convergence de vues entre l’armée, les services de sécurité et la Présidence de la République algérienne sur le dossier saharien serait sérieusement remise en question. Ali Benflis, candidat à la présidentielle du 12 décembre en Algérie, s’est engagé à agir, s’il est élu, pour améliorer les relations entre le Maroc. Serait-il l’homme du compromis sur le Sahara ?
Alors que le conflit sur le Sahara se prolonge sur le plan diplomatique dans une confrontation de positions jugées irréconciliables entre le principe d’autonomie et celui d’autodétermination, Ali Benflis, candidat à la présidentielle du 12 décembre, a déclaré son intention de baliser le terrain en faveur d’une perspective de rapprochement entre le Maroc et l’Algérie. Il s’est dit «tenté par la volonté de porter la bonne parole de son pays sur ce sujet récurrent.» Le scrutin pour le premier mandat présidentiel post-l’ère Bouteflika serait organisé en dépit des signes annonçant la remise en question d’un pouvoir impopulaire.
Les cinq candidats dans la course, représentant un échantillon des courants dont l’influence n’est, pour aucun d’entre eux, approuvée, n’ont pas d’ancrage sociétal, ils sont issus de partis, d’appareils sans crédibilité, y compris auprès de leurs militants et adhérents. Mais Ali Benflis qui souhaite incarner la différence, a promis de «promouvoir la politique de réconciliation nationale» et de «réconcilier l’Algérie avec le voisin marocain».
Le mouvement de désobéissance civile de l’hiver 2019, qui s’est déclenché contre une cinquième reconduction d’Abdelaziz Bouteflika provoquant l’ébranlement rapide d’un système dont la robustesse a été longtemps vantée, définit les changements politiques à venir. En plus de transformation de l’État et de la structure sociale et économique du pays, la mobilisation réclame d’assainir les relations avec les voisins maghrébins, surtout le Maroc. Si la rivalité avec le Royaume a longtemps guidé, par la force des choses, la diplomatie algérienne, surtout après le début du conflit du Sahara, Ali Benflis désire s’engager résolument dans la pacification des relations avec le Maroc et d’être le porte-voix politique d’une action qui compte et pèse en faveur d’un rapprochement avec le voisin maghrébin
Ali Benflis, ancien directeur de campagne de Bouteflika pour la présidentielle d’avril 1999, puis Premier ministre en août 2000 et secrétaire général du FLN, refuse que le prochain scrutin soit «une parodie de démocratie» Il est déterminé à aborder à «satisfaire les revendications de la révolution s’il est élu» et d’aborder «les grandes questions fondamentales qui minent la vie politique algérienne» et qui «restent toujours posées avec acuité». Il affirme sa volonté de rompre avec «un système qui estime que c’est à lui, et à lui seul, de diriger le pays», d’incarner «l’alternance» et de renouer avec le Maroc.
Dans un récent entretien à une chaîne de télévision algérienne, Ali Benflis considère que le débat politique doit s’articuler autour de deux questions qui paraissent centrales : rompre radicalement avec le passé et entamer le dialogue avec le Maroc, «en plus de prendre des distances avec les hommes et les institutions de l’ancien régime.» Ali Benflis estime qu’«il est temps d’intensifier les relations avec le Maroc» et que «le dossier des relations algéro-marocaines doit être bien traité», tout en appelant à «ouvrir le dialogue, à discuter et à préparer l’avenir».
L’ancien premier ministre algérien, tout en assurant que l’Algérie et le Maroc «ne sont pas ennemis», proclame que l’Algérie «ne sera jamais en conflit avec le Royaume», qualifié de «pays frère». Ali Benflis, qui s’abstient de déléguer sa campagne électorale à un conglomérat d’alliés politiques de circonstance comme la plupart de ses concurrents, veut dessiner les contours du nouvel ordre politique et mettre un terme à la sanctuarisation du pouvoir présidentiel, et à l’hostilité du pouvoir algérien à l’égard du Maroc.






