Après les discours royaux du Trône et du 66ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, ainsi que l’adoption de la loi cadre 51-17, il semble que l’Education nationale prend une nouvelle direction vers des cursus de meilleure qualité.
La loi de Finances prévoirait 10 milliards de dhs en plus des 68 milliards alloués au secteur de l’Education dans le PLF 2019. Parallèlement, la formation professionnelle a été mise en avant avec un budget de 3,88 milliards de dhs en 2019, en hausse de 4% par rapport à 2018, et la tendance haussière est prévue de continuer en 2020. Plusieurs OFPPT de différentes régions du Royaume se sont également dotées de conventions avec le Ministère de l’Education nationale, en marge desquelles leur budget a été augmenté. Quels horizons pour les efforts déployés en termes d’éducation nationale et de formation professionnelle, Ali Chaâbani, sociologue, livre à barlamane.com/fr des éléments de réponse.
Sommes-nous dans la bonne voie vers la promotion d’une meilleure qualité d’éducation nationale, et est-ce que les moyens financiers sont suffisants pour permettre d’atteindre cet objectif ?
Ali Chaâbani : l’argent tout court n’est pas capable de faire une bonne qualité de l’éducation. Il est vrai que le budget est important afin d’appliquer les programmes étatiques, mais gardons en tête que nous avons déjà eu une mauvaise expérience avec le Programme d’urgence de l’éducation nationale [NDLR : entre 2009-2021] où il avait eu des milliards gaspillés sans avoir produit des résultats probants dans le domaine de l’éducation nationale.
Actuellement, on soulève le même problème. Il ne faut pas s’arrêter seulement sur la forme du budget, mais il faut aussi et surtout penser aux moyens d’accompagnement qui ne sont pas financiers, comme les enseignants, parce que ce sont eux qui appliquent les programmes d’éducation nationale. Il faut notamment améliorer leur cadre social, sinon, nous aurons toujours des mauvais acteurs qui ne peuvent ou ne veulent appliquer les programmes de l’Etat.
Il faut, parallèlement au budget, parler des ressources humaines fiables et compétentes capables de concrétiser les directives du ministère de l’Education nationale. Sinon, dans les prochaines années, nous tomberons dans le même problèmes qu’avant. Le budget est susceptible d’être objet de fraudes, de détournement ou de gaspillage, ce qui fait qu’on ne peut pas améliorer les programmes d’éducation qu’avec l’argent. L’on peut attribuer l’échec d’anciennes réformes au fait que nous n’avons pas mis les responsables adéquats dans les bons postes, puisqu’il y avait le politique qui interférait. Pendant longtemps, on n’essayait pas de chercher les compétences, mais on essayait surtout de bien placer des amis ou des proches dans des postes qu’ils ne méritent pas
Privilégier autant la formation professionnelle financièrement est-il une aussi bonne chose et avons-nous autant besoin de main d’œuvre qualifiée ?
A.C : le Maroc a besoin de main d’oeuvre, de postes moyens et de personnel technique. Promouvoir la formation professionnelle, c’est aussi une manière de promouvoir la classe moyenne. On parle de formation professionnelle pour essayer de recréer cette classe moyenne mais aussi parce que le Maroc n’a pas besoin que de postes haut-placés assurés par des lauréats des grandes universités. Le Maroc est actuellement en train de répartir de manière convenable les compétences dans les postes dont il a besoin. C’est un ajustement de la politique de l’enseignement.






