Plus de 13 millions d’allemands étaient appelés à voter aux élections régionales qui se sont déroulées ce dimanche et le mouvement Alternative pour l’Allemagne (AfD), dirigé par Frauke Petry, a réalisé un score qui confirme l’enracinement de la droite populiste.
Selon des résultats partiels, basés sur des sondages à la sortie urnes et des projections des chaînes de télévision publique, l’AfD a effectué une percée, obtenant de 10,9% à 23% des voix,
Avec environ 10,9 % des voix en Rhénanie-Palatinat, 15 % dans le Bade-Wurtemberg et surtout 23 % des voix en Saxe-Anhalt, où elle arrive au deuxième rang des élections régionales, la formation d’extrême droite a réussi à mobiliser l’électorat, tandis que la CDU d’Angela Merkel, est battue dans deux régions.
Ce n’est pas la première fois qu’un parti d’extrême droite réalise d’aussi bons résultats en Allemagne, mais le succès de l’AfD aux régionales s’explique en grande partie par le mécontentement provoqué par l’arrivée dans le pays d’un million de migrants en 2015.
Du point de vue des observateurs, en Allemagne et à l’étranger, un tabou est en train de tomber dans l’Allemagne d’après-guerre.
Ainsi, pour Andreas Rödder, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Mayence, la crise migratoire a fait que « nous assistons à une certaine forme de normalisation par rapport aux mouvements populistes de droite ailleurs en Europe, même si dans le cas de l’Allemagne, où on ne peut pas faire abstraction du passé, cela prend un caractère forcément particulier », rapporte ce soir l’AFP. Pour lui, le passé nazi du pays et le sentiment de culpabilité encore très répandu dans la population aurait agi comme un frein.
« Jusqu’ici les parti populistes de droite ou d’extrême droite étaient considérés comme un corps étranger dans la sphère politique », souligne le politologue allemand Wolfgang Merkel dans le quotidien Tagesspiegel.
Dans ce contexte, les deux universitaires allemands redoutent de « devoir vivre avec l’AfD comme la France avec le Front National ou la Suisse avec l’UDC » et « d’être confrontés à la xénophobie au quotidien dans le discours politique ».
Déjà, une partie de l’AfD travaille main dans la main avec Pegida, le mouvement des « patriotes contre l’islamisation de l’occident » qui réunit chaque semaine plusieurs milliers de manifestants aux slogans racistes.