Lors d’une rencontre organisée à Rabat par le Conseil national des droits humains (CNDH) à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, les intervenants ont réitéré leur exigence d’éradiquer la peine capitale, arguant qu’elle «ne protège jamais personne.»
«En tant que défenseurs du droit à la vie, notre mission est d’empêcher les exécutions légales et même celles qui se déroulent hors de tout cadre légal», a affirmé Abderrahim Jamaï, avocat et président de la Coalition marocaine pour l’abolition de la peine de mort. M. Jamaï a rappelé qu’à ce jour, 86 personnes sont encore condamnées à mort dans les différentes prisons du royaume, parmi lesquelles une femme.
Depuis 2015, a-t-il précisé, 87 détenus ont vu leur peine de mort commuée, la plupart d’entre eux bénéficiant d’une réduction de peine à la réclusion à perpétuité. «Cette peine continue d’être prononcée bien qu’elle n’ait pas été exécutée depuis trois décennies», a déploré l’avocat, exprimant un pessimisme quant à écartant le fait que la question fasse partie d’une éventuelle réforme du Code pénal et du Code de procédure pénale. Par la même occasion, Il a appelé Rabat «à soutenir l’abolition de la peine capitale lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies prévue en décembre.»
Pour sa part, Amina Bouayach, présidente du CNDH, a plaidé pour un vote marocain en faveur du protocole du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies (PIDCP), qui appelle à l’abolition de la peine de mort. Elle a souligné que l’exécution de la peine de mort «ne garantit ni la sécurité des familles des victimes ni celle de la société.»
«Nous sommes conscients que ce que nous demandons nécessite un long chemin pour déconstruire les perceptions qui justifient le maintien de la peine de mort», a-t-elle reconnu, affirmant sa détermination à œuvrer pour l’abolition de cette peine, car sa «persévérance en faveur du droit à la vie est bien plus profonde.»