Les scrutins du 8 septembre ont scellé l’avenir du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), à la tête de la coalition gouvernementale sortante. Une débandade inédite.
«Le parti islamiste PJD (Parti de la justice et du développement) à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a subi une spectaculaire déroute lors des élections législatives de mercredi. Selon les résultats diffusés jeudi, le nombre de ses députés passe de 125 à… 13. Loin derrière ses principaux rivaux, de centre droit, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM), et le Parti de l’Istiqlal» rapporte le journal français Les Echos.
Le RNI a salué la «volonté populaire de changement». Plus ancien parti du Maroc, le parti de l’Istiqlal (Indépendance), fait un retour remarqué avec un gain de 32 sièges. «Peu d’analystes s’attendaient à une telle déroute, puisqu’ils prédisaient généralement 80 sièges pour le PJD» précise-t-on. Pour Mustapha Sehimi, l’action politique du PJD n’a clairement pas été à la hauteur. «Il a d’ailleurs été sifflé, sanctionné et censuré plusieurs fois ces cinq dernières années. Six mois après leur investiture, en octobre 2017, quatre ministres ont été limogés par le roi après la remise d’un rapport de la Cour des comptes épinglant l’exécutif sur les dysfonctionnements des politiques publiques dans le Rif, Puis deux autres ministres ont été renvoyés en 2018.»
Le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement. «Mais son bilan économique et social s’avérait médiocre, notamment en ce qui concerne le chômage des jeunes, même si le PJD peut faire valoir que la chute de 7 % du PIB l’an dernier avait surtout pour cause la pandémie. Cette dernière a incité les pouvoirs publics marocains à prendre des mesures de confinement sans équivalent en Afrique, presque sans interruption depuis janvier. Le secteur touristique, qui pèse pour 8 % du PIB, a vu son activité divisée par trois. La crise a favorisé un creusement des inégalités. Un rebond significatif, avec 4% de croissance, est toutefois attendu cette année» écrit le journaliste Yves Bourdillon.
Le roi devrait désigner dans les prochains jours la personnalité, issue du RNI arrivé en tête, chargée de former un gouvernement de coalition avec au moins le PAM. «Le PJD se présentait au scrutin en ordre dispersé et discrédité», estime Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes. Le PJD, finalement, «a été renvoyé dans l’opposition».






