M. Jouahri a souligné que la baisse récente du taux directeur de 25 points de base, désormais fixé à 2,50 %, «s’inscrit dans une volonté de soutenir les coûts de financement des entreprises et des ménages.» Cette mesure, a-t-il précisé, «entend améliorer les conditions des transactions et à renforcer l’attractivité des investissements tout en insistant sur le rôle fondamental de la concertation entre la banque centrale et les établissements financiers.»
Lors de sa conférence de presse suivant la réunion trimestrielle du Conseil de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri a souligné «l’importance pour les banques d’aligner leurs pratiques sur les orientations décidées par le régulateur tout en rappelant que cet ajustement n’est pas automatique.» Il a insisté «sur la nécessité d’une analyse approfondie pour chaque dossier prenant en compte les dépôts des banques de manière globale.» M. Jouahri a également mis en avant le dialogue constant entre Bank Al-Maghrib et les établissements bancaires, qui, selon lui, a produit des résultats positifs reflétant une cohérence dans la mise en œuvre des politiques monétaires.
Concernant la baisse du taux directeur, M. Jouahri a affirmé que cette mesure s’accompagnera d’autres actions similaires destinées à réduire les coûts de financement des entreprises et des particuliers. Ces dispositions, a-t-il précisé, devraient favoriser un climat plus propice aux investissements, en particulier dans le cadre des efforts soutenus pour offrir des conditions de financement accessibles. M. Jouahri a, par ailleurs, réaffirmé le rôle essentiel de Bank Al-Maghrib dans l’appui au système bancaire national. Il a assuré que toutes les demandes de financement émanant des établissements financiers sont satisfaites, permettant ainsi de renforcer leur capacité à soutenir l’économie et à répondre aux besoins des citoyens et des entreprises, dans un souci de dynamisme économique.
Des divergences avec le gouvernement sur les prévisions agricoles
S’exprimant sur les écarts entre les prévisions de Bank Al-Maghrib et celles du gouvernement, notamment en matière de rendement agricole, M. Jouahri a tenu à clarifier les démarches suivies. Il a rappelé que Bank Al-Maghrib «fonde ses prévisions sur les données fournies par le ministère de l’agriculture, lesquelles estiment un rendement de 70 millions de quintaux.» Cependant, il a souligné que ces estimations «sont établies à partir d’hypothèses liées aux conditions climatiques et qu’elles font l’objet de révisions régulières, particulièrement après la première moitié de la saison.»
M. Jouahri a noté le fait que Bank Al-Maghrib effectue des mises à jour trimestrielles de ses prévisions pour garantir la fiabilité des chiffres. Prenant l’exemple du secteur automobile, il a illustré les incertitudes inhérentes aux prévisions, évoquant les bouleversements mondiaux, notamment en Europe, liés à la transition vers les véhicules électriques. Bien que le Maroc aspire à générer 200 milliards de dirhams dans ce domaine, il a souligné que les transformations internationales «imposent une vigilance accrue et un suivi rigoureux, tant à l’échelle locale qu’internationale.»
Des prévisions économiques prudentes
M. Jouahri a également mis en avant l’importance de s’appuyer sur des données robustes et fiables issues des institutions internationales suivant de près l’évolution de l’économie marocaine. Il a évoqué les réformes en cours concernant le régime de change, indiquant que Bank Al-Maghrib travaille en concertation avec divers acteurs pour vérifier les prévisions sur lesquelles reposent leurs estimations et garantir une prise de décision éclairée.
En conclusion, M. Jouahri a rappelé que les défis économiques actuels nécessitent une approche flexible et pragmatique. Il a estimé que des événements tels que des pluies favorables pourraient améliorer les perspectives agricoles et stimuler la croissance. Il a néanmoins insisté sur l’impératif de maintenir une révision constante des prévisions en fonction des évolutions conjoncturelles.
Baisse du taux directeur et perspectives agricoles
Lors de la réunion trimestrielle de 2024, Bank Al-Maghrib a décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base, le fixant à 2,50 %. Parallèlement, le conseil financier a maintenu une surveillance étroite de la conjoncture économique. Concernant le secteur agricole, M. Jouahri a indiqué qu’en raison des conditions climatiques défavorables de la dernière campagne, la valeur ajoutée agricole devrait reculer de 4,6 % cette année. Elle pourrait toutefois rebondir avec une hausse de 5,7 % en 2025 et de 3,6 % en 2026, sur la base d’une récolte estimée à 50 millions de quintaux, soit la moyenne des cinq dernières années.