Dans un long texte publié jeudi 28 novembre, Akram Kharief a critiqué une gestion «brutale et anachronique» de l’affaire Sansal par les médias et les autorités algériens. Il a critiqué le vide intellectuel qui, selon lui, caractérise l’Algérie contemporaine.
Akram Kharief, expert de questions sécuritaires réputé proche de la gérontocratie algérienne et créateur du site Menadefense, a livré une critique détaillée des institutions algériennes et de leur gestion de l’affaire Boualem Sansal, accusé d’atteinte aux symboles de la nation. Il y a pointé «l’absence de cadre légal», «les lacunes de la communication officielle» et «les limites structurelles du pays.»
Selon Akram Kharief, «Boualem Sansal est avant tout romancier, il n’est pas historien». Ses déclarations sur l’histoire et la géographie de l’Algérie «n’engagent que lui.» Toutefois, leur caractère assumé et réitéré justifierait, selon l’expert, des poursuites judiciaires si des «textes de loi clairs» existaient pour traiter de telles atteintes.
Kharief prétend que l’écrivain Boualem Sansal, ancien haut fonctionnaire algérien, se revendique «marocain ou originaire du Maroc», ce qui, selon lui, est «incroyable au vu des postes qu’il a occupés dans la fonction publique.» Par la même occasion, il critique durement la gestion de l’affaire par les institutions algériennes, qu’il qualifie de «réaction brutale et anachronique.» Selon lui, plusieurs dysfonctionnements sont apparus : «absence de réaction institutionnelle préalable [puisque] les autorités auraient dû agir depuis longtemps en portant plainte contre Sansal, qui faisait partie de l’appareil d’État; déficit de communication médiatique [puisque] la mise en détention de Sansal a été annoncée par la presse étrangère; campagne médiatique à sens unique, [puisque] les médias algériens ont transformé l’affaire en une cabale médiatique sans offrir d’opinions modérées ou contradictoires.»
Enfin, Kharief déplore l’opacité judiciaire, soulignant «l’importance pour les citoyens de connaître les accusations et les conditions de détention des individus concernés.»
Au-delà de l’affaire Sansal, Akram Kharief met en lumière des problématiques plus larges :
• Manque de liberté académique
L’absence de débat scientifique et de soutien à la recherche historique prive l’Algérie d’une production intellectuelle solide. Cela s’est manifesté, selon lui, par la faiblesse de la contribution algérienne à la commission mixte algéro-française « Histoire et Mémoire ».
• Faiblesse du soft power algérien
Malgré une diaspora qu’il qualifie «d’instruite», Kharief déplore que l’Algérie soit incapable de produire des figures capables de défendre une vision partagée de son histoire, laissant le champ libre aux médias étrangers, parfois hostiles.
• Double standard
Kharief critique enfin la justification des manquements algériens par les injustices observées en Occident, estimant que «répondre au mal par le mal» ne fait qu’accentuer la médiocrité. En conclusion, Kharief affirme : «Ce n’est pas tant le regard extérieur ou les campagnes médiatiques contre l’Algérie qui doivent alarmer, mais le dysfonctionnement des institutions algériennes, le non-respect des règles et l’absence de débat libre.»