Depuis le lancement du chantier de la régionalisation avancée, qui prévoit la création de 12 agences régionales d’exécution des projets (AREP), la liquidation des Agences de développement du Nord, du Sud et de l’Oriental est au coeur de tous les débats. En effet, leur coexistence pourrait poser des problèmes tant de financement que d’empiétement sur les prérogatives l’une de l’autre.
Depuis 2016, le ministère de l’Economie et des Finances émet des réserves sur les 3 agences de développement du Nord, du Sud et de l’Oriental. Pendant deux années consécutives, le rapport sur les établissements et entreprises publics accompagnant le PLF 2018 et 2019 avaient insisté sur l’importance de revoir le rôle et le fonctionnement de ces Agences : «le devenir de ces Agences devra être repensé et leurs missions sont appelées à être revues suite à la création des 12 agences régionales d’exécution des projets (AREP) afin d’éviter tout chevauchement au niveau des interventions« , lit-on sur le rapport de 2019.
Même rengaine sur celui de 2018 : «le rôle et le fonctionnement de ces agences sont appelés à être revus pour tenir compte des implications de la régionalisation avancée sur leurs missions initiales et l’articulation de leurs interventions avec celles des nouvelles AREP créées conformément à la loi organique sur les régions». S’y ajoute une recommandation du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui avait préconisé leur suppression dans son rapport sur la régionalisation avancée, puisque ces institutions publiques, particulièrement celles de l’Oriental et du Sud, sont restées avares en matière de résultats, notamment par rapport aux attentes de la population, aux déficits en matière d’infrastructure, aux disparités entre l’urbain et le rural.
La question de la disparition de ces Agences de développement dans un délai de 3 ans a soulevé plusieurs questions, notamment à propos des modalités de liquidation et du sort de ses fonctionnaires, mais les tergiversations ont été coupées court par le Chef du Gouvernement, il y a deux ans. En effet, ce dernier a totalement écarté l’hypothèse de leur disparition, ajoutant qu’une réflexion est en cours pour statuer sur les différentes possibilités de pérennité possibles pour ces agences. Dans ce sillage et en premier lieu, le gouvernement devrait clairement définir les prérogatives des Agences de développement, ainsi que les AREP, pour éviter le chevauchement de leurs missions, ce qui permettra d’optimiser leur efficacité mais aussi le double emploi. Malheureusement, depuis 2 ans, aucune suite n’a été donnée à ce dossier.
Aujourd’hui, avec la présentation du PLF 2020, le rapport sur les établissements et les entreprises publics (EEP) l’accompagnant n’a curieusement pas mentionné les Agences de développement, contrairement aux deux précédents. Si le chapitre III.6 relatif au «Développement régional et compétitivité des territoires» du rapport PLF 2020 a abordé toutes les autres institutions et leurs réalisations au titre de l’année 2019, notamment les Agences régionales d’Exécution des projets (AREP), l’Agence pour l’aménagement de la Vallée du Bou Regreg (AAVBR), la Société Rabat Région aménagement (SRRA), l’Agence et Société Marchica ainsi que la société Casa-Aménagement, à aucun moment, les réalisations des Agences en 2019 n’ont été abordées, et encore moins leurs projets et perspectives d’investissement pour 2020.
Rappelons que les Agences de développement régional sont tenues à un plan d’action qui court jusqu’en 2020 pour celle du Nord, 2021 pour celle de l’Oriental et 2021 pour celle du Sud. Dans le rapport accompagnant le PLF 2020, il est simplement mentionné que « les agences pour la Promotion, et le Développement du Nord, du Sud et de l’Oriental (APDN, APDS et APDO) ont joué un rôle important depuis leur création dans le développement territorial compte tenu de leur capacité de mobiliser les fonds, toutefois, avec la régionalisation avancée (…) les Agences régionales d’exécution de projets (AREP) sont appelées à moderniser les moyens d’intervention régionale, et ce, par le développement de nouvelles approches de gouvernance en vue d’assurer une meilleure allocation des ressources financières, la réduction des inégalités territoriales, et l’amélioration de la compétitivité des régions ». Ainsi, l’hypothèse de leur disparition est tout de même écartée, mais il semblerait que le plus consistant du rôle soit attribué aux AREP.