Trois policiers ont été placés en garde à vue à Marseille, lundi, après le contrôle d’un jeune réfugié afghan dans le cadre du confinement qui a dégénéré. Deux d’entre eux ont écopé, mercredi, l’un de quatre ans et l’autre de 18 mois de prison pour arrestation illégale.
Deux policiers ont été condamnés mercredi en comparution immédiate à Marseille respectivement à quatre ans et à 18 mois de prison pour l’arrestation illégale d’un jeune réfugié afghan. Ils ont été incarcérés après le prononcé de cette condamnation pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires.
Des caméras de vidéosurveillance avaient filmé l’interpellation musclée de Jamshed, un Afghan, porteur d’un titre de séjour, le 12 avril sur le Vieux-Port de Marseille. Les policiers, qui intervenaient dans le cadre du contrôle du confinement, le soupçonnaient d’avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une cigarette. Il avait été projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis placé à l’intérieur.
Devant le tribunal correctionnel où ils comparaissaient à l’issue de leur garde à vue dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale, les policiers ont reconnu les faits, soulignant qu’en raison de la crise sanitaire, ils se seraient « fait rire au nez » s’ils avaient transporté le jeune homme devant un officier de police judiciaire pour outrage.
« J’ai pété un câble, on a fait une énorme boulette », a reconnu Michel Provenzano, « On avait ce gars sur les bras, on ne savait pas quoi en faire ». Le jeune homme avait ensuite été transporté sur un terrain isolé à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille.
Sur place, Michel Provenzano dépose dans le vide-poche ses lunettes de soleil et son arme de service « pour ne pas faire de conneries », a-t-il déclaré au tribunal. Derrière une butte, le jeune Afghan aurait alors reçu « un coup de poing ou une gifle », selon l’adjointe de sécurité, mais ces violences sont contestées par ses deux collègues.
Une fois Jamshed abandonné, Michel Provenzano lâchera : « Ça fait du bien, ça soulage », toujours selon l’adjointe de sécurité. Les deux hommes prennent alors la décision de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l’Hôtel de police.