Bien au contraire, il a déclaré que «ce que nous avons vu à la frontière est le dernier acte d’une tragédie qui commence bien des kilomètres du Maroc, dans un pays comme le Soudan, où en 2020 le revenu par habitant était de 300 euros par an», sans revenir sur ses déclarations soutenant la gendarmerie marocaine.
Près de 2 000 migrants ont tenté de s’introduire dans la cité de Melilla en prenant d’assaut une clôture. Des heurts ont alors éclaté avec les forces de sécurité, ont annoncé les autorités marocaines et espagnoles. Le chef du gouvernement espagnol a souligné que «la gendarmerie marocaine avait travaillé en coordination avec les forces de sécurité (espagnoles) pour repousser cet assaut si violent dont nous avons été témoins». «S’il y a un responsable de tout ce qui s’est produit à la frontière, ce sont les mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains», a-t-il déclaré.
Avant quelques heures, Pedro Sánchez a reconnu «qu’il était prématuré de dire que la crise a été bien résolue». «J’ai fait cette déclaration avant d’apprendre la tragédie des morts à Nador. Il est important de contextualiser quand j’ai dit cela. Il est clair que je ne réitérerai pas ces mots maintenant.» C’est ainsi que s’est exprimé le président du gouvernement dans un entretien accordé à La Sexta, sans citer une seule fois «la gendarmerie marocaine». Pourtant, nos confrères du Desk, comme d’autres médias, ont donné une lecture tronquée et faussée des déclarations de M. Sánchez, renvoyant dos à dos migrants et agents de sécurité marocains.
M. Sanchez enfonce encore le clou : «Je suis empathique et je regrette profondément la mort de personnes aux frontières espagnoles, mais la responsabilité du gouvernement espagnol est de les défendre», pointant de ce fait le rôle de la police espagnole dans la gestion des flux migratoires.
Les fausses nouvelles sur l’assaut de Melilla pullulent toujours. Celles-ci naissent souvent d’observations individuelles inexactes ou de témoignages imparfaits, mais cet événement n’est pas tout ; en vérité, à lui seul il n’explique rien. Les éléments de langage forgés de main d’ouvrier dans un dessein déterminé, — pour agir sur l’opinion, — pour obéir à un mot d’ordre, — ou simplement pour enrichir une narration biaisée, ont été mis en cause par plusieurs témoignages de migrants. La violence de l’attaque contre Melilia a été documentée par plusieurs images dont nous avons copie.
M. Sánchez a également appelé à «de l’empathie avec une gendarmerie marocaine, qui a travaillé dur avec les forces et organes de sécurité pour tenter d’éviter la violente attaque contre la clôture de Melilla».
Le chef du gouvernement espagnol a dit défendre «toujours au Conseil européen la nécessité de parvenir à un accord sur la migration et l’asile», déclarant que «la politique migratoire n’est pas seulement le contrôle des frontières». Pour le leader socialiste, il faut «parler aux pays d’origine et de transit», en insistant particulièrement sur le contexte de la dernière crise à Melilla : «Ce que nous avons vu à la frontière est le dernier acte d’une tragédie qui commence bien des kilomètres du Maroc, dans un pays comme le Soudan, où en 2020 le revenu par habitant était de 300 euros par an».