Les travaux de la 8ème édition de la Conférence annuelle internationale « Atlantic Dialogues », que le Policy Center for the New South dédie à la concrétisation d’un Atlantique plus large, ont démarré hier à Marrakech, autour du thème « le Sud en période de tourmente ».
S’exprimant lors de l’ouverture de la 8ème édition de la Conférence annuelle internationale « Atlantic Dialogues », Anabel González, ancienne ministre du Commerce extérieur du Costa Rica, a rappelé que le commerce mondial se trouve en ébullition. « On est passé d’un système fondé sur des règles à un régime fondé sur le pouvoir, les États-Unis et la Chine devenant de grands pays rivaux ». Selon elle, cette mutation a conduit à une plus grande fragmentation des échanges et à des tensions accrues, en particulier en ce qui concerne la lutte contre les distorsions des États sur le marché, la gestion de l’économie numérique et la redéfinition du rôle des économies émergentes dans le système commercial mondial.
Pour sa part, Len Ishmael, ancienne diplomate originaire de Sainte-Lucie, a constaté que les alliances traditionnelles sont rompues et qu’avec la disparition de l’OMC et l’arsenalisation des politiques économiques, « le monde comme nous le connaissions a changé et un nouvel équilibre des pouvoirs est apparu ».
S’agissant de la situation au Sahel, Rida Lyammouri, Senior Fellow au Policy Center, a fait savoir que le terrorisme qui a commencé dans certaines parties du Mali s’étend maintenant à d’autres régions comme la Tunisie et le Nigéria et pourrait atteindre des États côtiers comme le Ghana. « En l’absence de toute stratégie visant à faire face à ces problèmes, la question du terrorisme au Sahel s’est développée au lieu d’être résolue », a-t-il indiqué.
Quant à l’ancien Président du Nigeria, Olesegun Obasanjo, il a noté que le monde recherchait auparavant la paix, la stabilité, le développement, la croissance et le progrès. « La plupart de ces objectifs ont été atteints à l’exception de l’équité, de la justice et de la démocratie, ainsi que du multilatéralisme. Le Sud devrait être inquiet, mais pas outre mesure, car ce qui s’annonce, c’est l’essor du multilatéralisme, dont nous avons besoin pour gouverner le monde », a-t-il soulevé. Pour l’ancien chef d’Etat, issu d’un pays qui s’est d’abord montré réticent à ratifier l’accord menant à une zone de libre échange continentale, cet accord représente « une étape importante vers le multilatéralisme. L’ouverture du marché intra-africain est unique et significative. S’il fonctionne, l’Afrique pourra se comparer à n’importe quel autre marché commun dans le monde ».
Etant donné que le capital humain et l’éducation sont le nouveau pétrole de l’Afrique, Didier Acouetey, fondateur et président du cabinet-conseil en recrutement AfricSearch, a noté qu’une déperdition de 70% des élèves entre les cycles primaire et secondaire s’avère dramatique pour l’Afrique, où seulement 9% des élèves suivent un cycle d’éducation supérieure. « Ces jeunes africains sont éduqués, mais au chômage, car leurs diplômes ne correspondent pas aux demandes du marché du travail. C’est ridicule ! Que fait-on des 70% d’élèves laissés en chemin ? Il faut penser autrement, et apporter les compétences là où les travailleurs se trouvent, c’est-à-dire dans la rue et le secteur informel. Ces actifs sont intelligents, ils apprennent vite et peuvent s’adapter ! », a-t-il déploré.
Rappelons que l’Afrique a dernièrement enregistré un essor démographique sans précédent. Le continent fait face également à la persistance des conflits et des menaces terroristes, aux faibles taux de croissance non générateurs d’emplois pour les jeunes, à l’urbanisation accélérée et à la dégradation irréversible et à vue d’œil de leur environnement naturel. Discuter ainsi de ces thématiques est devenu un must, d’où vient l’importance de la 8ème Conférence annuelle organisée par le Policy Center for the New South.






