Un attentat a visé la France jeudi soir, à Nice. Quelques minutes après la fin du feu d’artifice du 14 Juillet, vers 23 heures, un camion blanc a foncé dans la foule, suscitant un mouvement de panique au milieu des touristes et des Niçois qui rentraient chez eux.
Bilan
Le bilan est très lourd et pourrait encore s’aggraver au fil des heures. À 8 h 30, il s’établissait à 84 morts. Les victimes ont été fauchées sur la promenade des Anglais de Nice, par un camion qui a foncé dans la foule. Il a poursuivi sa course sur une distance de deux kilomètres, a indiqué le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, dans la nuit. « Dix-huit sont en urgence absolus », a-t-il ajouté depuis Nice où il s’est rendu. Il y a des dizaines de blessés qui ont été transportés dans les hôpitaux de la ville. Un peu plus tôt, le président François Hollande avait parlé d’« une attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié ». « C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste », a affirmé le chef de l’État lors d’une allocution télévisée prononcée en pleine nuit depuis le palais de l’Élysée. L’attentat n’a pas encore été revendiqué.
Le modus operandi se distingue des précédentes attaques dont a été victime la France en janvier puis en novembre 2015. Mais une vidéo de propagande de l’EI datant de septembre 2014 n’écarte aucun moyen pour frapper : « Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition, alors isolez l’Américain infidèle, le Français infidèle ou n’importe lequel de ses alliés. Écrasez-lui la tête à coups de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le. »
Enquête
L’enquête a été confiée à la section antiterroriste du parquet de Paris. Selon des sources proches de l’enquête, le conducteur du camion a tiré à plusieurs reprises avec un pistolet avant d’être abattu par la police, selon des sources proches des enquêteurs, qui ajoutent qu’une « grenade inopérante » et des « armes longues factices » ont été retrouvées à bord du véhicule. Une carte d’identité a été retrouvée également, mais on n’a pas encore la confirmation qu’il s’agit bien de la sienne. Selon ce document toutefois, il s’agirait d’un Franco-Tunisien âgé de 31 ans, connu des services de police mais pour des faits relevant de la petite délinquance. Il n’était pas fiché S. Jeudi soir, il était armé d’un pistolet de petit calibre (un 7.65) dont des témoins indiquent qu’il a fait usage sur la foule. On ignore encore s’il a bénéficié de complicité. Le camion avait été loué il y a quelques jours dans la région Paca.
L’État d’urgence prolongé de trois mois
Le président de la République avait quitté précipitamment le Festival d’Avignon pour rentrer à Paris. Il s’est rendu peu avant 1 h 30 à la cellule de crise activée au ministère de l’intérieur , place Beauvau, où il avait retrouvé Manuel Valls.
Au cours de son intervention, le président de la République a annoncé la prolongation de trois mois de l’état d’urgence, qui devait s’achever le 26 juillet. De même, il a annoncé qu’il ferait « appel à la réserve opérationnelle », c’est-à-dire à tous ceux qui à un moment ont été sous les drapeaux ou dans les effectifs de la gendarmerie pour venir soulager les effectifs de policiers et de gendarmes.
Le chef de l’État réunira un conseil restreint de sécurité et de défense vendredi à 9 heures, a indiqué l’Élysée. À l’issue de ce conseil, François Hollande se rendra à Nice avec le Premier ministre Manuel Valls. Ce dernier a fait part de son « immense » douleur, assurant dans un tweet que « les Français feront face ».
La ministre de la Santé Marisol Touraine a quitté Paris dans la nuit de jeudi à vendredi pour se rendre dans les hôpitaux de Nice, où elle a rendu hommage aux professionnels de santé.
Un important dispositif de sécurité a été délimité dans le centre de Nice où de nombreuses ambulances, des membres des forces de l’ordre et des militaires se sont déployés. Un PC sécurité a été installé dans le Palais de la Méditerranée, mais il était lui aussi totalement bouclé. Une cellule psychologique a été ouverte au centre universitaire méditerranéen.
Témoignages
« J’ai eu à peine quelques secondes pour me dégager. J’ai dû me protéger le visage pour éviter d’être touché par des débris. Des gens criaient, c’était le chaos absolu », a raconté un journaliste de l’AFP, présent sur le lieu du drame. Plusieurs témoins ont vu des personnes se jeter en contrebas de la promenade des Anglais sur la plage pour échapper au camion. Éric Ciotti révélait d’ailleurs ce matin sur RTL que des personnes avaient été secourues en mer.
Devant le Palais de la Méditerranée, le camion blanc, dont le conducteur a été abattu, était immobilisé, quelques heures après l’attaque, les pneus crevés, la porte passager criblée d’impacts de balles, a constaté un correspondant de l’AFP.
Un journaliste à Nice-Matin a raconté l’attaque dont il a été le témoin sur le site Medium. « La prom » [la promenade des Anglais, NDLR] était noire de monde. […] Au loin, un bruit. Des cris. Ma première pensée : un malin a voulu faire son petit feu d’artifice de son côté et ne l’a pas maîtrisé… Mais non. Une fraction de seconde plus tard, un énorme camion blanc filait à une allure folle sur les gens donnant des coups de volant pour faucher un maximum de personnes. Ce camion de la mort est passé à quelques mètres de moi et je n’ai pas réalisé. J’ai vu des corps voler comme des quilles de bowling sur son passage. Entendu des bruits, des hurlements que je n’oublierai jamais. J’étais tétanisé. Je n’ai pas bougé. J’ai suivi ce corbillard des yeux. Autour de moi, c’était la panique. Les gens couraient, criaient, pleuraient. Alors, j’ai réalisé. »