Le jeune assaillant ayant poignardé à mort l’enseignant Dominique Bernard à Arras a été mis en examen mardi soir à Paris et écroué, quatre jours après l’attaque qu’il avait revendiquée au nom de l’organisation Etat islamique (EI).
Mohammed Mogouchkov, 20 ans, a été mis en examen par un juge d’instruction antiterroriste pour assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a indiqué à l’AFP son avocat, ce qu’a confirmé le Parquet national antiterroriste (Pnat).
Après un débat à huis clos, un juge des libertés et de la détention a décidé de son placement en détention provisoire, comme l’avait requis le Pnat.
« Il est temps de laisser place à l’instruction. M. Mogouchkov décide de s’expliquer et s’expliquera devant les juges d’instruction », a déclaré à la presse son avocat, Me Verlaine Etam Sone. « Il ne ménagera aucun effort pour donner toutes les explications nécessaires à la justice », a-t-il affirmé.
Avant que le huis clos ne soit prononcé par le juge des libertés et de la détention, la presse a pu apercevoir l’assaillant dans le box. Veste grise, cheveux mi-longs tirés en arrière, barbe naissante, il a surpris en souriant aux journalistes qui entraient dans la salle. Puis il a gardé un visage impassible, regard droit, sourcils froncés.
«Volonté d’une transparence»
« Mon client n’est pas formellement opposé à la publicité des débats, il est dans la volonté d’une transparence », a fait savoir son avocat Me Verlaine Etam Sone, avant que le juge ne prononce finalement le huis clos.
Après débats, il a été placé en détention provisoire, a précisé Me Verlaine Etam Sone.
Le petit frère de l’assaillant, âgé de 16 ans, a également été mis en examen mardi soir pour complicité d’assassinat et de tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a indiqué son avocat à la presse. Des débats étaient en cours pour décider de son placement en détention provisoire ou non.
Ce jeune frère est suspecté d’avoir « apporté un certain soutien » à l’assaillant, notamment sur « le maniement des couteaux », avait expliqué plus tôt mardi le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard devant la presse.
Le Pnat a également demandé la mise en examen d’un de leurs cousins, adolescent de 15 ans, qui aurait été « informé du projet » sans « rien faire pour l’empêcher ».
Les motivations de l’agresseur, qui avait longuement prêté allégeance en arabe à l’EI dans un fichier audio retrouvé dans son téléphone, « ont pu être éclaircies par les déclarations de certains de ses proches, par les propos tenus par lui-même sur place et par une vidéo tenue devant un monument aux morts » avant l’attaque, a précisé Jean-François Ricard en conférence de presse.
Dans cette « courte vidéo », Mohammed Mogouchkov « s’est attaqué de manière répétée aux ‘valeurs des Français’ selon ses propres termes », dans des « propos particulièrement menaçants », a indiqué le procureur.
Dans ses enregistrements, l’assaillant a aussi mentionné son « soutien aux musulmans » en « Irak », en « Asie » et en « Palestine », « mais sans relier son acte directement aux événements récemment réalisés en Israël », a relevé le magistrat.
Selon une source proche du dossier, « il n’y a pas d’éléments raccrochés à l’actualité », par exemple aux commémorations de la mort du professeur Samuel Paty il y a trois ans.
Depuis vendredi, 100 témoins ont été entendus et 13 personnes dans son « cercle familial proche » ou ses « relations » ont été placées en garde à vue. Dix gardes à vue ont été levées, dont celle du grand frère de l’assaillant et un détenu radicalisé.
Mohammed Mogouchkov, né dans la République russe à majorité musulmane d’Ingouchie, fiché pour radicalisation islamiste, s’était rendu vendredi matin à son ancien établissement, la cité scolaire Gambetta-Carnot à Arras. Il y a mortellement poignardé Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans, puis blessé trois autres personnes avant d’être interpellé par une patrouille de police.
Il était suivi par la DGSI – l’agence nationale de sécurité intérieure – « depuis la fin du mois de juillet », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, via des écoutes et des mesures de surveillance physique.
(Avec AFP)