Après les fuites d’informations sur l’attentat de Manchester dans les médias américains ou par d’autres canaux, les autorités britanniques ne cachent pas leur agacement.
« Ces images qui fuitent vont être une source de stress pour les victimes, leurs familles et le public », déplore une source au sein du gouvernement, qui précise que « ce problème a été soulevé par les autorités britanniques avec leurs homologues américains à tous les niveaux pertinents ».
Plus tôt, la ministre britannique de l’Intérieur, Amber Rudd, avait fait part de son exaspération. « La police britannique a été très claire sur le fait qu’elle veut contrôler le flux d’informations, afin de protéger l’intégrité opérationnelle » de l’enquête et pouvoir bénéficier « d’éléments de surprise », a-t-elle déclaré sur la BBC.
« Donc ça devient irritant que (ces informations) sortent via d’autres sources et j’ai été très claire auprès de nos amis sur le fait que cela ne doit pas se reproduire », a-t-elle ajouté. Alors qu’on lui demandait si les autorités américaines avaient compromis l’enquête, elle a répondu : « Je n’irais pas si loin ».
« Mais je peux vous dire qu’elles sont parfaitement au clair concernant cette situation et le fait que cela ne doit pas se reproduire », a-t-elle insisté.
Plus tard dans la journée, le New York Times a révélé que la bombe détonée par un jeune kamikaze à Manchester lundi soir était puissante et sophistiquée et a publié en exclusivité huit photos montrant différents éléments de l’engin explosif.
Ces photos auraient été prises par des enquêteurs de la police et, selon des sources gouvernementales britanniques, transmises à leurs homologues américains qui les auraient fait fuiter. Le journal présente également une image en 3D des lieux indiquant la position des victimes et même du buste du tueur, projeté par la force de l’explosion.
À noter que, pour les services anti-terroristes britanniques, ces fuites ont « déstabilisé » l’enquête. Un porte-parole a souligné l’importance des relations avec les services d’autres pays et de leur coopération. Mais « quand cette confiance est rompue, cela déstabilise ces relations, sape nos enquêtes et la confiance des victimes, des témoins et de leurs familles », a-t-il déploré.