Les attentats du 22 mars en Belgique, sans précédent dans l’histoire de ce pays, devraient longtemps marquer les esprits. Pour la plupart des marocains sur place, qu’ils soient ou pas binationaux, il faut s’attendre à ce qu’ils subissent une nouvelle montée de l’islamophobie en Belgique : c’est la conviction de ceux qui ont été contactés par barlamane.com le jour des attentats. Selon certains, la priorité est de mieux communiquer avec les médias et de bien faire passer l’idée qu’ils sont aussi atterrés et révoltés que les autres communautés réunies dans ce pays, en deuil national de 3 jours
Parmi les témoignages que nous avons recueilli, celui de Ghitah Bennis, qui vit à Bruxelles et préside l’association AL5.BE. Le 22 mars vers midi, elle s’est dit être « profondément bouleversée par ces actes de barbarie » et que toutes ses pensées « vont d’abord aux victimes et à leurs proches ». Elle espère ensuite, « en tant que belgo-marocaine, que nous resterons unis face à ce drame qui nous a tous bouleversé », ajoutant enfin que « que des amalgames vont être faites car c’est déjà le cas avec les événements de Molenbeek ».
Priée de donner des précisions sur ce dernier point, elle dit être elle même la cible d’agressions verbales, notamment sur son lieu de travail, et considère qu’il y a eu une forte montée du nombre de cas d’islamophobie depuis les attentats de Paris. Avec l’annonce qu’il s’agissait d’attaques menées par des jeunes de Molenbeek, le discours raciste se serait un peu plus libéré en Belgique et elle regrette que ces informations ne soient pas assez développées dans les médias.
Pour Mostafa H., chercheur en sciences politiques installé à Bruxelles depuis 2009, « cette opération terroriste a choqué les marocains de Belgique et il faut qu’ils le disent ». Il pense que « le contexte de solidarité national évoqué par le Premier ministre Charles Michel dans ses premières déclarations ce 22 mars doit être interprété par les marocains de Belgique comme une invitation à dire publiquement leur opposition au terrorisme ». C’est ensuite seulement qu’ils pourront communiquer au sujet « des mauvais traitements qu’ils peuvent subir, dans un pays où l’extrême droite a de solides appuis ».
Mais le tout premier témoignage marocain sur ces attentats a été apporté mardi matin tôt par une jeune femme qui était à l’aéroport de Bruxelles. Sur les réseaux sociaux, qui ont largement diffusé sa vidéo, des posts la présente comme étant une étudiante installée à Bruxelles, qui comptait rentrer au pays ce matin en avion pour voir sa famille.
Au début de la séquence, filmée très peu de temps après les explosions, on la voit s’adresser à la caméra de son smartphone et dire, visiblement très émue par ce qu’elle vient de voir, que « deux explosions ont eu lieu devant (sa) gueule ». Ce témoignage poignant qui montre des blessés ensanglantés, abasourdis par le choc, est consultable ci dessous dans son intégralité.
https://www.youtube.com/watch?v=Y_3RfAaON4A
Selon le bilan provisoire établi moins de 24 heures après les attentats on sait qu’une marocaine a trouvé la mort et que quatre de ses compatriotes ont été blessées. On parle aussi de 3 marocains disparus et au total, à Bruxelles le 22 mars au soir, on fait état de 34 morts et de plus de 200 blessés.






