En froid avec Madrid, le Maroc peut remettre en cause la coopération sécuritaire avec l’Espagne alors que l’affaire Brahim Ghali, qui a viré à la crise ouverte, envenime les relations entre les deux pays.
La coopération judiciaire et sécuritaire entre Rabat et Madrid demeure menacée au moment où le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a engagé l’Espagne à ne pas aggraver les tensions déclenchées par l’hospitalisation de Brahim Ghali, chef du Front polisario. Permettre à ce dernier «de rentrer chez lui, contourner la justice espagnole et ignorer les victimes serait un appel au pourrissement», a-t-il souligné.
La coopération sécuritaire en matière de lutte contre le terrorisme n’est plus qu’entretenue, a minima, depuis le début de la crise. On rappelle que Madrid a pu résoudre le mystère des attentats qui l’ont touché en 2004 (l’acte terroriste le plus meurtrier en Europe depuis 1988) et les attentats d’août 2017 en Catalogne perpétrés au véhicule-bélier, uniquement grâce aux informations des renseignements marocains.
L’ancien ministre espagnol de la Défense et ex-président de la Junte des communautés de Castille-La Manche ,José Bono, a déclaré que la suspension de la coopération sécuritaire entre Rabat et Madrid en particulier en matière de lutte contre le terrorisme est un suicide pour son pays. Madrid s’est félicité plusieurs fois de l’efficacité de l’échange d’informations et de renseignements entre les deux pays. «Plusieurs réseaux de recrutements de djihadistes» ont été démantelés grâce aux détails échangés.
Plusieurs opérations conjointes entre les deux pays ont visé des cellules de recrutement du groupe de l’Etat islamique (EI). Cette coopération s’illustre également «en ce qui concerne la migration irrégulière et le trafic de stupéfiants». Des interventions ont permis de faire échouer des dizaines d’assauts de migrants menés sur les villes de Sebta et Melilia et le démantèlement d’une centaine de réseaux de passeurs.
Alors que les parlementaires marocains ont exhorté à renforcer encore plus cette coopération, au regard des «défis» sécuritaires dans «certains pays du Sahel et du Sahara et d’autres régions de l’Afrique, notamment la Libye», l’Espagne offre son hospitalité à Brahim Ghali. Pendant ce temps, Rabat continue de réclamer une enquête «transparente» et «la prise en compte des plaintes déposées contre lui» pour «tortures», «violations de droits humains» ou «disparition forcée». «C’est un test pour le partenariat stratégique» liant les deux pays notamment en termes de lutte contre la migration clandestine, a mis en garde Nasser Bourita.






