Depuis des semaines, les Libériennes se mobilisent pour dénoncer une situation critique, l’impunité et le peu d’engagement de l’Etat.
Le président George Weah a appelé à durcir les lois du Liberia face à ce qu’il a décrit comme une «alarmante recrudescenc » des cas de viols dans son pays, lors de la première conférence nationale sur la question, mardi 8 et mercredi 9 septembre. La conférence de deux jours, ouverte mardi par le chef de l’Etat libérien, s’est poursuivie mercredi en présence de son prédécesseur, Mme Ellen Jonhson Sirleaf, de représentants d’organisations féminines, de l’ONU et de chefs traditionnels.
«L’amélioration et le durcissement des lois en vigueur et des politiques de prévention et de lutte contre les violences sexuelles réduiront la fréquence des viols» et d’autres maux liés au genre, a déclaré M. Weah à l’ouverture de la conférence mardi. Il a appelé les participants à «chercher les meilleures pratiques» pour «mettre fin aux viols et autres formes de violences sexuelles et liées au genre» au Liberia qui subit «une épidémie de viols à côté de la pandémie de coronavirus». Depuis quelques semaines, les Libériennes se mobilisent dans la rue contre le viol et protestent contre l’inaction reprochée au gouvernement et au président.
Sanctions quasi-absentes
«Nous avons enregistré plus de 600 cas de viol entre juin et août», avait avancé fin août Margaret Taylor, directrice de l’ONG Women Empowerment Network œuvrant pour les droits et l’émancipation des femmes. En mai, c’était entre 80 et 100 cas, a-t-elle expliqué à l’occasion d’un rassemblement marquant à Monrovia et dans d’autres villes du pays le début de trois jours de mobilisation.
La fréquence des viols dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, éprouvé par les guerres et le virus Ebola au cours de son histoire récente, est une préoccupation ancienne. Un rapport de 2016 des Nations unies faisait état de 803 affaires de viol l’année précédente dans ce pays de 4,5 millions d’habitants, et dénonçait l’absence de sanctions contre les auteurs, des hommes adultes connus de leurs victimes dans la grande majorité.
Les Nations unies attribuaient ce chiffre en partie à «l’héritage d’impunité laissé par quatorze années de guerre civile» de 1989 à 2003, qui ont fait 250 000 morts et au cours de laquelle le viol a servi d’arme de guerre.