En Afrique, «Emmanuel Macron suit un cheminement illisible», écrit Le Monde diplomatique dans sa livraison de juillet. À force de vouloir être avec tout le monde, le président français n’est avec personne.
Au Maghreb, les leviers détraqués de la balance de l’Élysée n’est pas une réalité sans conséquence. «Devenu président il suscite leur colère lorsqu’en 2021 il doute de l’existence d’une nation algérienne. La provocation passe mal. D’autant plus mal auprès du peuple qu’en 2019 M. Macron avait approuvé la prolongation du quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika : une preuve supplémentaire de l’appui de Paris à l’autoritarisme qui sévit dans le pays», rappelle le mensuel parisien qui met en avant l’équilibrisme impossible dans la région maghrébine. «Le président français n’a pas davantage pris la mesure des équilibres délicats avec Alger et Rabat. Ses prédécesseurs veillaient à ne pas donner l’impression de préférer l’un à l’autre. Lui alterne avec désinvolture les petits gestes à l’attention des deux parties, sans jamais en contenter aucune…L’Algérie et le Maroc s’accordent au moins pour juger que le Maghreb ne figure plus parmi les priorités françaises.» Pour le moment.
Conscient que la relation avec le Maroc est élémentaire, Paris a déclaré ces derniers mois sa volonté «d’ouvrir un nouveau chapitre dans la relation avec Rabat», Stéphane Séjourné avait été «personnellement» missionné par le président français mais ses bons offices ont été brutalement interrompus après la dissolution de l’assemblée nationale début juin.
La France a lourdement péché contre le Maroc depuis 2020 : réduction de moitié des visas; le rapprochement critiqué avec une Algérie imprévisible, le vote du Parlement européen en janvier 2023 sur la liberté de la presse au Maroc et les attaques médiatiques contre les institutions nationales. Il reste à savoir si Paris, qui a promis de se tenir «aux côtés du Maroc sur les dossiers les plus sensibles», en l’occurrence la question du Sahara, aura le courage d’aller jusqu’au bout de ses intentions, avant la fin de l’actuelle mandature d’Emmanuel Macron, en 2027.