Le colonel Assimi Goïta, également vice-président, a accusé Bah N’Daw et Moctar Ouane de tentative de «sabotage» de la transition. Le Mali sombre encore une fois dans l’instabilité politique.
Le vice-président Assimi Goïta a démis de leurs fonctions le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, déclenchant une crise politique majeure. Jeune Afrique raconte les coulisses de ce nouvel épisode décisif de la transition malienne.
Les sources du journal panafricain «font état de bisbilles entre l’ex-junte malienne (Conseil national pour le salut du peuple, CNSP, dissoute en janvier 2021) et le président Bah N’Daw au sujet du maintien de Moctar Ouane à la tête du gouvernement, lequel devait s’ouvrir aux regroupements politiques».
Au lendemain de leur arrestation par des militaires, le président malien et le premier ministre de transition, Bah N’Daw et Moctar Ouane, ont été démis, mardi 25 mai, de leurs fonctions par le colonel Assimi Goïta qui les accuse de tentative de «sabotage» de la transition.
«Tout s’est finalement accéléré le dimanche 23 mai, aux alentours de 17 heures, lorsque le vice-président de la transition, le colonel Assimi Goïta, accompagné de quelques proches, s’est invité au palais de Koulouba. Furieux d’avoir été écarté de la formation du nouveau gouvernement, qui était alors en cours, Goïta entendait protester contre la mise à l’écart dans la future équipe de deux membres influents de l’ex-CNSP, les colonels Modibo Koné et Sadio Camara» raconte Jeune Afrique.
Le colonel, à la tête des putschistes qui avaient renversé le président élu, Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, a reproché au président et au premier ministre d’avoir formé un gouvernement sans se concerter avec lui, bien qu’il soit chargé de la défense et de la sécurité, domaines cruciaux dans le pays en pleine tourmente.
«Estimant avoir un droit de regard sur la formation du gouvernement et, surtout, sur les nominations à la Défense et à la Sécurité (comme le lui concède la charte de la transition), le vice-président a demandé à Bah N’Daw de revenir sur leur éviction. Selon nos informations, Goïta a alors menacé son supérieur officiel de sanctions “irréversibles” si ce dernier venait à ne pas suivre son conseil. L’heure en était alors encore aux négociations, même si celles-ci s’annonçaient musclées» écrit Jeune Afrique.
La composition du gouvernement annoncée a, semble-t-il, mécontenté les colonels qui dirigent de facto le pays. Certes, des militaires conservaient des postes-clés, mais deux figures de l’ancienne junte étaient écartées des postes primordiaux de la défense et de la sécurité.
Selon les sources de Jeune Afrique, «le président Bah N’Daw a ainsi choisi de faire fi des menaces et a refusé de se plier aux demandes d’Assimi Goïta. Lundi 24 mai aux alentours de 16 heures et sur les ondes de l’ORTM, le Dr Kalilou Doumbia, secrétaire général de la présidence, dévoilait ainsi le visage du deuxième gouvernement de la transition, au sein duquel les colonels Modibo Koné et Sadio Camara ont bel et bien été remplacés par des généraux.»
«C’est avec stupéfaction que le vice-président Goïta a découvert à la télévision la liste finale du gouvernement», confie un proche du Comité national de transition. «Le colonel ne peut perdre la face : il décide d’agir. Quelques minutes plus tard, Moctar Ouane voit alors débarquer à son domicile des militaires de la garde nationale, un corps dirigé par Sadio Camara et Modibo Koné.»
«Une nouvelle fois, Assimi Goïta met la pression sur Bah N’Daw : il exige la démission immédiate de Moctar Ouane et la réintégration au gouvernement des colonels Camara et Koné. Le président de la transition reste inflexible», narre JA, qui affirme que ce derniert a été officiellement placé «hors de ses prérogatives».
Quelle sera l’attitude de la communauté internationale ? Les États ouest-africains, qui ont décidé la levée des sanctions imposées au Mali, après le coup d’État ayant renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, sont en colère face aux tentatives d’empêcher le maintien de personnalités civiles au pouvoir.






