Bienvenue dans l’économie numérique alternative au Maroc : des contenus monétisés où l’invective, la rumeur et les imprécations règnent. Les personnalités publiques y subissent des procès surréalistes, tandis que les institutions souveraines, les superstructures étatiques et les pouvoirs décisionnels sont passées au crible. L’augmentation numérique, elle, est sensationnel : «khatir, âajil, moutir, sadim» : au nom du ranking et des vues cumulées, les débats censés être interactifs, plus participatifs et collaboratifs, voire contributifs, oscillent entre le burlesque et le tragi-comique.
Ali Lmrabet, Zakaria Moumni, Rifizion, Hamid Elmahdaouy et autres, en voulant créer un effet de réseau, profitent des médias numériques pour instaurer une forme de réception peu innocente, sous forme d’une prise à témoin qui induit en erreur. Ces courtiers de l’information spéculative, parvenus à faire de leurs combines un métier et à en vivre, reçoivent désormais des bénéfices publicitaires à travers des prestations monétisées qui prennent pour cibles les politiques publiques de sécurité, les instances dédiées à la défense des intérêts nationaux, au maintien de la paix et de l’ordre, ainsi que les institutions sécuritaires, dont les missions sont déterminées par les lois et par les règles de droit.
En attendant que les législateurs organisent la cohue du bavardage marchand, il est essentiel de démontrer que les institutions sécuritaires ne peuvent en aucun cas être utilisées dans la surenchère des mots-clés et dans ce «commerce illicite de visibilité» qui, s’il génère un trafic rentable pour quelques affairistes et magouilleurs de l’Internet, il met à mort la vérité, la transparence et le droit à l’information fiable.