Bizarre ce changement versatile indignement adopté par ces nouveaux parvenus du Paris socialiste (PS) qui enfreignent les immuables positions du parti au sujet du Sahara, dépeintes il y a quarante ans par François Mitterrand. Ce visionnaire socialiste, le seul à avoir réussi, pour ceux qui s’en souviennent, à unir la gauche divisée sous la banderole ‘’socialistes mais pas communistes’’, n’a jamais contesté la juste cause du Maroc. Une digne position entérinée, après lui, par la première secrétaire du PS, Martine Aubry, qui avait réaffirmé clairement le 13 mars 2012, son soutien au projet d’autonomie, précisant qu’il s’agit d’une ‘’position constante des socialistes français’’.
Et le président socialiste, François Hollande, de suivre la même ligne en considérant le projet d’autonomie, comme ‘’la seule voie pour une solution politique, mutuellement acceptable, à la question du Sahara’’.
Alors, que s’est-il passé au sein du parti socialiste français, aujourd’hui en déclin tant au niveau officiel que populaire, au point de se retrouver au plus bas historique en termes de représentativité municipale et parlementaire, pour se porter sur le principe d’autodétermination, tout en oubliant que les habitants du Sahara ont déjà décidé de leur sort il y a des années, lors d’élections municipales, communales et législatives, avec un taux de participation avoisinant les 70%.
Reste à clarifier aussi le genre d’autodétermination que préconise le PS à la convenance des séparatistes ? S’agit-il de cette autodétermination qui a dévié, en ces temps d’aplatissement politique, de son concept juridique, après que des pays d’Afrique et d’Asie ont créé des entités séparatistes fictives, leur accordant le ‘’droit à l’autodétermination’’ pour ensuite les absorber ? Ou bien s’agit-il du droit à l’autodétermination tel que précisé dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, entré en vigueur en 1976, et qui affirme en termes clairs qu’‘’en vertu du droit à l’autodétermination, chaque peuple dispose du choix libre et souverain de déterminer la forme de son régime politique et d’assurer librement son développement économique, social et culturel, indépendamment de toute influence étrangère’’.
Où est-ce que le PS et les courants séparatistes trouvent-ils leur place dans ce traité onusien qui ne fait aucune référence au référendum ou consultation, mais qui explique l’autodétermination comme moyen approprié pour les populations d’un même territoire d’obtenir une forme d’autonomie accompagnée de larges pouvoirs de gestion de leurs affaires politiques, économiques et même administratives, et de promotion du développement économique et culturel de leur région.
En accord avec ces principes et conventions internationales, l’initiative d’autonomie confirme la sincère volonté du Maroc de parvenir à une solution politique, mutuellement acceptable, respectant la légitimité internationale, et évitant ainsi à la région de nouveaux conflits et tensions.
Il est aussi frappant de constater que le PS français, tout en reniant aujourd’hui les positions constantes des socialistes en faveur du projet d’autonomie, est également divisé concernant la décision du président Emmanuel Macron, qui a fait l’objet d’un consensus au sein de la classe politique française, affirmant la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud et la crédibilité de l’autonomie comme seule solution crédible à la question du Sahara.
Nombreux sont les membres influents du PS qui ont pris leurs distances par rapport à la position controversée du parti, en phase avec une faction communiste qui entretient une relation de serviabilité douteuse avec ‘’la camarade’’ Algérie. Ils reprochent à leur parti de ne pas suivre l’exemple du parti socialiste espagnol, qui prône l’autodétermination interne, comme stipulé dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en la liant à la démocratie et au développement économique et social local.
Cette position flottante du PS montre, à qui veut le savoir, que le parti se trouve depuis l’éviction de François Hollande en 2017, incapable de dire quelque chose de précis, de clair ou de compréhensible aux Français. Il n’arrive plus à faire le choix qui s’impose. Divisé sur les idées, il l’est aussi sur les hommes.
En résumé, le PS peine à réinventer une crédibilité tant au niveau national qu’international. Car aux querelles des hommes s’ajoutent les pseudo querelles d’idées entre les partisans d’une social-démocratie et ceux qui prônent un socialisme libéral et un troisième clan qui défend la ligne dure du PS et ses alliances avec les communistes et la gauche radicale.
La situation du PS menacé aujourd’hui par le spectre d’une scission imminente, est non seulement une catastrophe pour lui et pour la démocratie, mais aussi pour le socialisme mondial, dont il a longtemps été le modèle, grâce à des leaders historiques comme Jean Jaurès, Léon Blum, François Mitterrand et autres…
Il est aujourd’hui exposé à une pluie de critiques sur ‘’son triste spectacle’’, comme l’a déclaré le ministre de l’Économie, tandis que sa collègue, la ministre de la culture, Rachida Dati, a déploré ‘’la crise de confiance’’ entre les socialistes et les Français. Quant à Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée française, connue pour son ironie mordante, elle s’est contentée de dire à la chaîne TF1 en réponse à une question sur l’état actuel du parti socialiste : ‘’Je n’ai pas assez de temps pour me préoccuper des affaires secondaires’’.