Lundi, cinq manifestants, dont quatre étudiants, ont été tués par balles lors d’un rassemblement au Soudan. Cette répression meurtrière intervient alors que les négociations entre le pouvoir militaire et les chefs de la contestation doivent reprendre pour finaliser un accord sur la transition.
Lundi 29 juillet, lors d’un rassemblement au Soudan, cinq manifestants, dont quatre étudiants, ont été tués par balles, à la veille de la reprise des négociations entre pouvoir militaire et chefs de la contestation. L’opposition a une nouvelle fois appelée à de nouvelles manifestations pour dénoncer le « massacre ». « Redescendre dans la rue pour dénoncer le massacre d’El-Obeid et exiger que les coupables soient traduits en justice », c’est ce que comptent faire les soudanais suite à l’appel de l’opposition.
A El-Obeid est la capitale de l’État du Kordofan du Nord, où les « cinq martyrs sont tombés sous les tirs de snipers lors d’un rassemblement pacifique », a précisé le comité de médecins au Soudan qui a également fait état d’un nombre indéterminé de blessés. Après le massacre, les autorités soudanaises ont imposé un couvre-feu nocturne pour une période indéterminée dans quatre villes du Kordofan du Nord, dont El-Obeid, selon un communiqué du bureau du gouverneur de cet État.
Dans cette ville, les manifestations contre le pouvoir n’étaient pourtant pas très importantes. Le rassemblement de lundi avait été organisé dans le but de protester contre « une pénurie de pain et de carburant dans la ville ces derniers jours ». « Les écoliers ont été affectés, en l’absence de transports pour les conduire à l’école », rapporte l’AFP.
A titre de rappel, les mouvements de contestations qui ont vu tomber l’ancien président Omar El-Béchir en avril dernier avaient été déclenchés après le triplement du prix du pain. Depuis, c’est l’armée qui est au pouvoir, contre la volonté des civils.
Les manifestations continuent alors toujours dans le pays. Les civils réclament leur pouvoir, et de meilleures conditions de vie. La répression de leurs contestations a fait 246 morts, depuis décembre 2018.
Après les événements d’El-Obeid, un leader de la contestation a appelé à suspendre les discussions politiques entre pouvoir et contestation. « Nous ne pouvons pas nous asseoir à la table des négociations avec ceux qui permettent de tuer des révolutionnaires », a affirmé dans un communiqué Siddig Youssef.
Ce mardi, le Conseil militaire et les chefs de la contestation doivent reprendre les négociations pour finaliser certains points en suspens après la conclusion d’un accord de partage du pouvoir le 17 juillet. Cet accord, obtenu après de difficiles négociations, prévoit un Conseil souverain composé de cinq militaires et six civils, chargé de mener la transition pendant un peu plus de trois ans.
A noter qu’il est récurent de voir un tel massacre intervenir au Soudan, au moment où des discussions doivent se mettre en place.