Pour l’instant, les mesures de gestion d’eau ne concernent que le sud du Maroc, où le niveau des barrages est particulièrement bas. Rien ne permet de pondérer les caprices du ciel, auxquels s’ajoute une raréfaction des ressources en eau aggravée par la surexploitation des nappes phréatiques.
Conséquence du manque de pluie, de nombreuses régions marocaines souffrent de sécheresse, les agriculteurs s’inquiètent et les particuliers aussi. A agadir, le spectre des pénuries d’eau touche désormais des milliers de ménages après la décision de la Régie autonome multi-services d’Agadir d’opérer des coupures d’eau pendant plusieurs heures par jour.
Ces dernières années, les habitants d’Agadir ont opéré des manifestants dénonçant la détérioration des services publics. Surtout, ils protestent contre la mauvaise gestion des capacités hydrauliques de la ville, qui vient s’ajouter au calvaire d’une population épuisée par plusieurs années de sécheresse.
La question de la sécheresse a été érigée en priorité et le roi Mohammed VI. Le monarque s’est lui-même inquiété de la «sécurité hydrique» du pays. A l’origine de cette pénurie, un déficit pluviométrique combiné à la surexploitation massive des nappes phréatiques par l’agriculture.
La saison agricole 2020 est marquée par une grande baisse des précipitations, de « 141 mm contre une moyenne de 254 mm au cours des 30 dernières années », soit un déficit de 44% par rapport à une année normale, a indiqué le ministre de l’Agriculture avant quelques mois lors d’une séance parlementaire. Certaines villes, celles du sud surtout, en affrontent les conséquences.
Du côté de l’exécutif, les réunions se déboulent pour trouver des solutions. Le chef du gouvernement Saad-Dine Otmani a promis des «mesures d’urgence, rapide et d’ordre stratégique». Le roi Mohammed VI avait annoncé mettre en place une «commission qui se penchera sur ce sujet pour trouver des solutions adéquates».
Les « retenues des barrages ont connu une baisse significative », s’est alarmé le ministre, (39,% en septembre 2020), tout en indiquant que l’état des récoltes d’automne restait « satisfaisant » mais dépendrait grandement des précipitations à venir.
Secteur clé de l’économie nationale, l’agriculture est le premier contributeur au Produit intérieur brut (15%), devant le tourisme et l’industrie. Depuis le début de l’année, le Maroc enregistre un sévère déficit pluviométrique et il n’y a toujours pas de pluie en perspective, selon la météorologie nationale.
Même si le Maroc s’efforce d’exploiter d’autres débouchés pour son économie, très touchée par la crise du coronavirus, son PIB reste lié à ce secteur tributaire des caprices du ciel et la croissance du pays varie chaque année selon la générosité pluviale.
De 4,5% en 2015, la croissance était descendue à 1,6% en 2016, du fait d’une intense sécheresse. Pour l’année 2020, le Centre marocain de conjoncture table sur 1,5%, contre 2,7 en 2019
« Aujourd’hui avec une sécheresse aussi marquante, combinée à un épuisement des ressources hydrauliques, il y a là une année particulièrement dure pour les agriculteurs et par conséquent pour l’économie », avait souligné Ahmed Lahlimi, le patron du Haut-commissariat au plan (HCP, chargé des statistiques officielles).
« Les retombées vont être d’autant plus dures que l’année dernière était déjà une année relativement sèche avec une récolte de céréales plus faible que la moyenne », a-t-il annoncé.
En 2019, « nous avions enregistré une chute de la valeur ajoutée agricole de 3 à 4%. Cette année, elle sera probablement de l’ordre de 5% », a-t-il estimé.
Pour l’instant, les mesures d’économie d’eau ne concernent que le sud du Maroc, où le niveau des barrages est particulièrement bas.
La raréfaction des ressources en eau a été aggravée par la surexploitation massive des nappes phréatiques, alors que le Maroc figure sur la liste des pays au stress hydrique « élevé », selon différentes études.
Le Maroc avait lancé un vaste programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation pour 2020-2027, doté de l’équivalent de 100,9 milliards de dirhams. En février, un programme baptisé « Génération Green 2020-2030 » ambitionnant de faire émerger une « classe moyenne agricole » est venu remplacer le « Plan Maroc Vert », lancé en 2008 mais au bilan jugé mitigé.
A la sécheresse, s’ajoute une baisse attendue de la demande extérieure. « Le coronavirus nous frappe d’une manière indirecte. En s’attaquant à nos partenaires, il s’attaque à nous », avait noté le Haut-commissaire au plan. La situation ne se limite toutefois pas aux PMA. Selon l’ONU, l’accès aux services d’eau en milieu urbain au Maroc a atteint 96%, contre 65% dans les zones rurales du pays.