Accusé de «blanchiment de capitaux», «fraude» et «atteinte à la sécurité de l’État», Maati Monjib a été vivement décrié après avoir défendu l’autodafé du coran au Suède. Un retour de manivelle inattendu pour un individu de plus en plus controversé.
Alors que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU compte tenir un débat urgent cette semaine à la suite de l’autodafé d’un Coran en Suède, un acte qui a soulevé l’indignation dans le monde musulman, Maâti Monjib, condamné à un an de prison ferme pour «fraude» et «atteinte à la sécurité de l’État», peine à éteindre l’incendie provoqué par ses déclarations complaisantes à l’égard d’un geste que même l’Union européenne a rejeté. Pour se défendre, il évoque une nouvelle fois «l’infrastructure secrète» et «l’État parallèle» qui «ciblent» les militants au Maroc.
Sur une chaîne YouTube militante, Monjib a jeté des déclarations intempestives, sans un détour, en homme qui se croit gêné. Il se pose comme une victime pathologique usant de bravades de mauvais ton pour se défendre. Le sexagénaire a préféré se réfugier dans le complotisme, en soutenant qu’il «fait l’objet d’une campagne cordonnée de dénigrement et de haine ourdie, à coup sûr, à son encontre par les services de renseignement marocains», préférant opter pour des rapprochements douteux avec des incidents similaires survenus en Palestine. Monjib a prétendu aussi que «les services de renseignement ont pointé ses accointances avec le PJD et Al Adl wal Ihsanne, et qu’elles soutiennent aujourd’hui le contraires», ajoutant que «toutes ces manœuvres sont ourdies à son encontre du fait qu’il a mis à nu l’existence d’une structure secrète ayant des liens profonds avec les services de renseignement et qui exerce une mainmise sur le pouvoir et les médias au Maroc», une de ses théories complotistes souvent reprise par ses affidés.
Une fois n’est pas coutume, ses complices ne l’ont pas défendu contre les faits qu’on lui sont reprochés. Ils se donnent pour des agents secondaires, ignorants de ses motivations. Monjib, dans son intervention, se présente comme un homme pourchassé par des bêtes de proie, visiblement partagés entre le désir de diminuer sa responsabilité et de ne pas perdre la figure après sa bourde monumentale.
Monjib victime de ses obsessions
Maati Monjib a été accusé à plusieurs reprises de «porter atteinte aux institutions de l’État marocain», en évoquant «des concepts [fallacieux] comme la « police politique », la « sécurité politique » et « l’existence d’une structure secrète »», une machination destinée à étouffer les affaires qui obscurcissent son avenir juridique.
Tandis que le Maroc a condamné l’autodafé du coran comme un acte «offensant et irresponsable» et rappelé son ambassadeur en Suède, Monjib a préféré, dans un esprit de réaction rigide, défendre «une manifestation au cours de laquelle le saint coran a été brûlé devant une mosquée à Stockholm». La diplomatie marocaine a vertement critiqué «un nouvel acte faisant fi des sentiments de plus d’un milliard de musulmans, en cette période sacrée du grand pèlerinage à La Mecque et de la fête bénie de l’Aïd Al-Adha». Entretemps, le chargé d’affaires de Suède à Rabat a été convoqué au ministère marocain des affaires étrangères. En outre, l’ambassadeur du Maroc en Suède «est rappelé en consultation au royaume pour une durée indéterminée», selon le communiqué.
Si la guerre virtuelle forcenée déclarée à l’État marocain par quelques pseudo-militants peut rencontrer quelques secrètes complaisances à l’étranger, la grande masse de l’opinion publique ne saurait être entamée par les théories faussement démocratiques de certains individus guidés par la vengeance.