Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a rencontré, samedi au Qatar, des négociateurs des Taliban et du gouvernement afghan, au moment où Donald Trump accélère le retrait des troupes américaines d’Afghanistan malgré la violence persistante.
Un dernier coup de fouet aux négociations interafghanes avant une accélération du retrait des troupes américaines d’Afghanistan. C’est le sens de la visite de Mike Pompeo au Qatar, samedi 21 novembre, afin de rencontrer les négociateurs du gouvernement afghan et des Taliban.
Le secrétaire d’État américain a mené ces entretiens au moment où Donald Trump accélère le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, malgré la violence persistante.
Au moins huit personnes ont été tuées et 31 autres blessées samedi par des roquettes qui se sont abattues sur le centre de Kaboul, dans des zones densément peuplées de la capitale afghane, près de la Zone verte où se trouvent ambassades et compagnies internationales.
Des responsables du gouvernement afghan ont accusé les Taliban mais le groupe jihadiste État islamique (EI) a revendiqué l’attaque dans un communiqué publié sur ses chaînes Telegram.
« Je serais très intéressé de connaître votre avis sur la manière dont nous pouvons augmenter la probabilité d’une issue favorable », a déclaré M. Pompeo lors de sa rencontre avec le gouvernement afghan à Doha, où se tiennent les négociations interafghannes.
Le chef de la diplomatie américaine a également rencontré l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, avec lequel il a évoqué les « relations bilatérales stratégiques » et les dossiers internationaux.
Le 29 février, Mike Pompeo avait assisté dans la capitale qatarie à la signature d’un accord historique entre les États-Unis et les talibans pour mettre fin à la plus longue intervention militaire américaine de l’histoire.
Départ des troupes
Le ministre de Donald Trump, venant d’Abou Dhabi, termine ce week-end dans le Golfe une tournée dans sept pays d’Europe et du Moyen-Orient alors que le président sortant, tout en refusant de reconnaître la victoire du démocrate Joe Biden à l’élection du 3 novembre, accélère ses priorités de fin de mandat.
Plus tôt dans la semaine, le Pentagone avait ainsi annoncé le retrait de quelque 2 000 soldats supplémentaires d’Afghanistan d’ici le 15 janvier : cinq jours avant la prise de fonctions du président élu Joe Biden, il n’en restera plus que 2 500.
Le calendrier établi entre Washington et les Taliban prévoit un départ complet des troupes mi-2021 mais sur la base de conditions que plusieurs observateurs ne jugent pas remplies à ce stade.
Donald Trump a promis à plusieurs reprises de mettre fin aux « guerres sans fin » des États-Unis, notamment en Afghanistan où l’armée américaine est intervenue après les attentats du 11 septembre 2001.
Les alliés européens de Washington, mais aussi certains ténors républicains, ont exprimé leur préoccupation face à ce retrait que beaucoup jugent prématuré.
Joe Biden, sur un rare terrain d’entente avec Donald Trump, souhaite également mettre fin à la guerre en Afghanistan, même si les modalités du retrait peuvent varier entre les deux hommes.
Signe d’une possible continuité sur ce dossier délicat, plusieurs voix appellent d’ailleurs le démocrate à garder en fonctions le négociateur américain Zalmay Khalilzad une fois à la Maison Blanche.
Montée de la violence
Les insurgés ont engagé depuis mi-septembre leurs premières négociations directes avec le gouvernement de Kaboul mais ces discussions ont presque immédiatement capoté en raison de désaccords.
Après deux mois sans réelles avancées, plusieurs sources ont déclaré à l’AFP vendredi que les deux parties semblaient avoir résolu un point-clé de mésentente sur les règles des négociations.
Elles se sont ouvertes après l’accord entre les Taliban et Washington, les États-Unis acceptant de retirer leurs troupes en échange de garanties sur la sécurité et sur le début de pourparlers.
Mais les violences ont augmenté dans tout le pays, les rebelles multipliant les attaques quotidiennes contre les forces de sécurité afghanes.
Le retrait d’une partie des troupes américaines d’ici le 15 janvier a été critiqué par les habitants de Kaboul qui craignent que cela n’encourage les talibans à déclencher une nouvelle vague de combats.
Les civils afghans sont depuis longtemps les principales victimes du conflit.
Les autorités de Kaboul craignent également que les talibans ne durcissent leurs positions dans les négociations, où sont en jeu des sujets-clés comme les droits des femmes.