Malgré l’importance de la stratégie nationale de l’eau annoncée en 2009, renforcée avec la loi sur l’eau amendée en 2015, le gouvernement d’Aziz Akhannouch continue d’exporter des cultures dispendieuses en eau à vil prix.
Alors que le Maroc est confronté à un risque de pénurie généralisée en eau, conséquence du tarissement des ressources de surface ou souterraines, le gouvernement d’Aziz Akhannouch persiste à nourrir l’ogre de la production agricole fortement orientée vers l’exportation, et ce malgré le climat semi-aride, les sécheresses récurrentes et la variabilité saisonnière des précipitations que connaît le Maroc.
Stations de dessalement, ouvrages d’interconnexion entre bassins excédentaires et déficitaires, mesures sévères affectant l’alimentation des réseaux urbains de distribution : le gouvernement multiplie les expédients pour faire face au tarissement des ressources disponibles à brève échéance au lieu de mettre en œuvre les objectifs quantitatifs et qualitatifs des directives sur l’eau et s’attaquer au vrai problème : exporter des produits agricoles à forte teneur en eau et à bas prix, en faisant fi des stratégies d’adaptation à la rareté structurelle de l’eau au Maroc.
«Je suis venu avec une barquette de tomates-cerises marocaine, vendue à 0,99 euro, prix imbattable. Pourquoi sont-elles aussi compétitives ? Parce que le Maroc est un pays où le coût du travail est plus bas, pour faire simple elles ont été ramassées à environ un euro/l’heure pour celui qui l’a fait, en France pour la même tâche on le paierait 14 euros/heure avec les charges, et comme le Maroc bénéficie de ce qu’on appelle un accord de libre échange (…) 300 000 tonnes de tomates entrent tous les ans en France», a pointé le journaliste Lionel Mauguin dans une chronique sur RTL.
Les tomates-cerises «nécessitent un arrosage régulier et cadencé» nous dit un expert. Les politiques agricoles actuelles ont altéré les disponibilités hydriques marocaines. Le poids de l’irrigation est devenu un enjeu sensible dans la mesure où il concerne les usages et l’évolution incertaine des ressources et des besoins hydriques, dans un contexte d’adaptation à la rareté de l’eau, qui doit aller au-delà de mesures palliatives annoncées.