Depuis deux semaines, des déclarations d’Aziz Akhannouch n’en finissent pas de susciter moult commentaires. Simple gaffe ou faillite d’une stratégie de communication ?
Le meeting d’Aziz Akhannouch le 7 décembre à Milan ne sera pas oublié de sitôt. Une grande attention a été accordée au «ton» de l’une de ses déclarations, où il proclame que certains de ces concitoyens ont besoin d’éducation. Pour faire face à ses adversaires qui promeuvent une vision de la politique comme un conflit manichéen entre le bas et le haut, s’appuyant souvent sur un langage simpliste et démagogique, cette sortie sonne comme une erreur injustifiable.
Les jours suivants, face aux critiques sur sa performance, des membres du RNI ont tenté de nuancer les propos de leur secrétaire général. La stratégie de communication d’Aziz Akhannouch est remise en doute. Ses détracteurs tiennent un langage commun- mots courts, rhétorique simple et approche folklorique – un collage aléatoire de termes émotifs, répétés à l’envi. L’on sortait d’un discours de Benkirane avec un sentiment, pas un argument.
Le style d’Akhannouch est invariable, c’est un élément clé de sa philosophie, de la façon dont il se projette auprès de son public. La plupart de ses prédécesseurs ont pu manier une gamme de registres. Lui, n’a jamais semblé pétulant. Il s’efforçait de transmettre soit un sérieux grave, soit un sens du commandement assez sec. Pour certains, difficile de dire que son style est un argument de vente.
Aziz Akhannouch n’est pas sans savoir que certains aspects du populisme sont devenus dominants dans le débat politique. De plus en plus de politiciens traditionnels utilisent la rhétorique «pro-peuple» et /ou «anti-élite» pour gagner des électeurs. De nos jours, la rengaine d’une «l’élite» considérée comme corrompue, semble être le moteur principal des campagnes électorales.
Pour faire face à l’utilisation d’appels destinés à susciter une réponse émotionnelle dans le public, Aziz Akhannouch ne doit s’appuyer que sur les faits, dans un contexte où les émotions agissent comme puissants déterminants des comportements attitudinaux et qui contribuent à éroder le pouvoir des institutions officielles.
Le populisme est plus qu’une idéologie, c’est un style de communication et de rhétorique, qui fait appel au «peuple», «aux citoyens», «au pays», pour cibler l’élite généralement considérée comme déconnectée, «qui vit dans des tours d’ivoire et ne poursuit que ses propres intérêts».
Dans le discours public, le populisme est principalement utilisé comme synonyme de sentiments anti-establishment, symbole de mépris, pour répondre l’idée que «l’élite» est pourrie, ou du moins incompétente ou inefficace. Ce sentiment est maintenant si répandu que beaucoup l’ont intériorisé. Avec des références comme le «bon sens» et la «majorité silencieuse», ils espèrent montrer qu’ils sont du côté du «peuple». En réalité, ils ne font que confirmer les frustrations et les préjugés qui pèsent sur eux.
Pour 2021, Aziz Akhannouch, affaibli par le boycott qui a visé son groupe Afriquia en 2018, a besoin de refaçonner son message politique pour toucher les gens et contrecarrer le populisme qui joue sur les angoisses tout en semant un cynisme post-vérité qui érode la confiance dans la capacité des institutions démocratiques établies à faire et à valider des déclarations de vérité, dans un contexte de mécontentement socio-économique.






