La banque mondiale a estimé dans son dernier diagnostic du secteur privé que la massification de l’enseignement supérieur au Maroc a exercé une forte pression sur les universités publiques, dont les capacités en matière de qualité et de quantité ne correspondent plus à la demande sociale.
Le taux d’inscription dans l’enseignement supérieur au Maroc a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières décennies. Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur est passé de 284.346 étudiants en 2001 à 825.121 en 2017. Ceci s’explique par l’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement secondaire résultant de la mise en œuvre du Plan d’urgence de l’éducation 2009-2012. En effet le nombre de nouveaux bacheliers est passé de 136.721 en 2010 à 206.016 en 2016, soit une augmentation de 50%.
En 2014, le Conseil de l’enseignement supérieur a indiqué que l’utilisation des capacités des universités publiques à accès libre était de 175 %. Par conséquent la qualité de l’enseignement supérieur a également souffert du surpeuplement et du manque d’enseignement permanent. Le secteur privé quant à lui ne représente que 5,3 % des effectifs d’élèves, loin de l’objectif national de 20 % fixé par la Charte nationale d’éducation pour 2010.
Selon le rapport de la Banque mondiale, en 2017, l’enseignement supérieur a accueilli 825.121 étudiants, dont 83% étaient inscrits dans des établissements publics à accès libre et 12% dans des établissements publics à accès limité, au moment où le développement du secteur privé est jugé crucial pour compléter les efforts publics.
La nouvelle réglementation relative à la reconnaissance par l’État, introduite en 2014 pour améliorer la qualité des prestataires privés, a faussé le marché en raison de certains critères pour l’obtention de la reconnaissance par l’État qui sont excessivement stricts et s’adressent aux grandes universités plutôt qu’aux établissements privés, explique le document de la BM. Les établissements privés d’enseignement supérieur doivent avoir au moins 400 étudiants inscrits lorsqu’ils demandent la reconnaissance par l’État. De plus, le texte de loi ne fait pas de distinction entre grandes universités multidisciplinaires et établissements spécialisés. Le détail est important pour les exigences en matière d’espace, comme le besoin d’une cafeteria, de places de stationnement, de capacité minimale spécifique pour l’enseignement, de locaux administratifs et de soutien pédagogique, qui peuvent être discriminatoires pour des établissements privés.
En l’absence de reconnaissance par l’État, un nouvel établissement privé d’enseignement supérieur pourrait ne pas être en mesure d’attirer autant d’étudiants que nécessaire. Il faut noter que la reconnaissance par l’État est importante, car elle est nécessaire pour obtenir un emploi dans l’administration publique et constitue donc un facteur déterminant pour les parents et les étudiants dans le processus de sélection.
La Banque mondiale critique également les frais de scolarité élevés et les rares instruments de financement des études. Elle rappelle que la plupart des universités privées facturent en moyenne 70.000 dhs hors logement et autres charges journalières, pour un cursus de quatre ans. Les entretiens menés par la BM avec les prestataires privés sélectionnés reconnaissent que les parents contractent souvent des prêts pour payer les études de leurs enfants dans des établissements privés.






