Le chef du Gouvernement désigné Abdelilah Bankirane dit attendre le retour du roi Mohammed VI, en tournée africaine, pour, soit rendre les clés, soit renouveler le bail de 5 ans contracté avec une majorité d’électeurs lors du scrutin législatif du 7 octobre dernier.
N’ayant pas réussi à former son gouvernement pour différentes raisons que seul lui et certains de ses futurs anciens partenaires connaissent, Benkirane qui, comme à son habitude, a choisi le weekend pour faire des annonces à effet de pétards mouillés, a, encore une fois, brandi la menace de mettre la clé sous le paillasson si ceux qu’il accuse d »être à l’origine du blocage, ne cessent de lui mettre des bâtons dans les roues.
Quelque chose n’est pas normale!
Sortie de la bouche de Benkirane qui s’exprimait samedi à l’occasion de la session ordinaire de l’Union nationale des travailleurs marocains (UNMT, bras syndical du PJD), cette maxime a de quoi surprendre de la part d’un chef de gouvernement qui depuis le 7 octobre dernier fait du surplace, ne sachant plus à quel partenaire se fier. Voulant faire du neuf avec de l’ancien, (PJD,RNI,PPS et MP), tout en y apportant une touche istiqlalienne, Benkirane n’a réussi ni l’un, ni l’autre. Et surtout ne luis parlez pas de cet ovni qu’est l’USFP qui, profitant de la confusion , a su tirer son épingle du jeu en s’assurant le perchoir de la Chambre des représentants en la personne de Habib El Malki, un « dinosaure » qu’on croyait en voie d’extinction.
L’exception marocaine!
A l’approche du 6eme anniversaire du 20 février, une date supposée marquer un tournant dans l’histoire politique du Maroc, et de celui du 9 mars qui commémore le discours historique du roi Mohammed VI appelant à un référendum sur la réforme de la Constitution, la situation de blocage politique que connait le pays, confirme cette « exception marocaine » dont on se targue à chaque occasion. Une exception qui avait un sens il y a six ans étant donné que le Maroc a su éviter intelligemment le tsunami qui a balayé certains pays arabes.
Mais force est de constater que cette exception marocaine, par les temps qui courent, revêt plutôt une connotation négative en ce sens qu’elle illustre une situation politique absurde dans laquelle se débat la classe politique qui a réussi la prouesse d’ériger la médiocrité en institution, incapable qu’elle est de refléter la volonté du peuple. Une classe politique qui se plait à tenir ce discours creux qui veut que sa seule préoccupation est l’intérêt de la nation et non la chasse aux maroquins.
L’électeur, espèce en voie de disparition
Face à ce blocage, le chef du Gouvernement martèle haut et fort qu’il faut trouver une solution, faute de quoi les marocains se verront obligés de se déplacer aux urnes pour faire la différence. Il s’agit là d’un risque énorme qu’il prend sachant qu’après ce « cirque politique » qui s’éternise, l’électeur, cette espèce en voie de disparition, préférera, cette fois-ci, rester chez lui plutôt que de contribuer à prolonger cette mascarade.
Benkirane en est d’ailleurs conscient et il a tenu à le rappeler lors de sa rencontre samedi à Bouznika avec le comité central de la jeunesse du PJD.
« Il se peut qu’on aille vers de nouvelles élections, et nous avons dit qu’on ne veut pas de nouvelles élections car elles constituent un moment de gestation difficile », a indiqué Benkirane avant de conclure: « J’attend vraiment le retour du roi, et à ce moment là, soit j’aurai un gouvernement à lui soumettre, le cas échéant, je lui ferai part de mon échec ».
C’est dire à quel point Abdelilah Benkirane se trouve entre la marteau des électeurs, et l’enclume de la realpolitik à la sauce marocaine.






