Après l’échec du coup d’État militaire en Turquie, la communauté internationale a vite réagi pour saluer le retour à la démocratie et à l’ordre institutionnel et constitutionnel dans ce pays, y compris le gouvernement marocain à travers son ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Un gouvernement que dirige Abdelilah Benkirane, chef du Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui s’est félicité de l’attitude du peuple turc qui n’a pas hésité à affronter les chars de ces putschistes de la dernière heure pour sauver leur dirigeant, le pjdiste turc Erdogan. Ce dernier, a, contre toute attente, pris le soutien de la communauté internationale à sa légitimité et à son régime pour un blanc-seing et une « licence to kill ». Il a ainsi commencé à faire le ménage d’une manière aussi brutale que les militaires en rébellion.
Ainsi, depuis samedi, les troupes fidèles au président turc s’emploient à éliminer le «virus» factieux de l’ensemble des institutions de l’État. Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, près de 9000 fonctionnaires du ministère de l’Intérieur turc ont été limogés. Près de 4500 policiers et 614 gendarmes figurent parmi les personnes écartées.
Les magistrats et les fonctionnaires subissent aussi la répression. Près de 3000 mandats d’arrêt ont été délivrés à l’encontre de juges et de procureurs soupçonnés d’être proches du prédicateur Fethullah Gülen, un ex-allié du président Recep Tayyip Erdogan accusé d’être l’instigateur du putsch. La liste des victimes de représailles d’Erdogan est aussi long que la nuit du coup d’état.
Dans la foulée, on parle même d’un éventuel rétablissement de la peine capitale suscitant ainsi un tollé général en Occident en particulier à Washington et au sein de l’Union Européenne qu’Ankara rêve toujours d’en faire partie.
Toutes ces réactions seraient passées inaperçues chez Benkirane qui ne dit mot et qui consent donc, comme dit le proverbe.
Un tel silence de la part de celui qui faisait partie des premiers à dénoncer le putsh, et se féliciter de son échec, en dit long sur l’attitude de notre Benkirane, un silence que d’aucuns interprètent comme un signe d’approbation de ce qu’est en train de faire Erdogan, la victime devenue en l’espace d’un jour le bourreau.
On ose espérer que le chef du PJD marocain, qui ne rate aucune occasion pour se victimiser en parlant de forces occultes qui l’empêcheraient de gouverner, et peut être même de remporter un second mandat comme le voudrait, selon lui, « le peuple’ et ce, avant même le lancement de la campagne électorale pour le scrutin du 7 octobre prochain, rompe enfin son silence qui dérange et définisse clairement sa position à l’égard de son mentor turc. Le cas échéant, ce « peuple » dont il prétend avoir reçu la légitimité, n’oubliera pas de sitôt cette attitude franchement inquiétante.
Le courage ne consiste pas seulement à dire non aux putschistes, mais également au bourreau de ces putschistes et des milliers de turcs qu’ils soient fonctionnaires, magistrats ou autres, qui se voient ainsi persécutés et pourchassés par les milices d’Erdogan.
« Le courage n’est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes », disait Voltaire.