Le site du Parti de la justice et du développement (PJD) a publié ce lundi matin une information d’à peine un tout petit paragraphe, mais qui en dit long sur cette guéguerre épisodique entre sa formation et certains départements comme l’Intérieur et l’Economie et finances, et à travers eux, ceux qui les dirigent en l’occurrence Mohamed Hassad et Mohamed Boussaid.
On apprend ainsi que le chef de cette formation politique, par ailleurs chef du Gouvernement Abdelilah Benkirane, en sa qualité de « porte-parole officiel » du parti, invite ses « frères et sœurs, militants et militantes » du PJD, à s’abstenir de tout commentaire au sujet du communiqué publié dimanche soir par ces deux ministères, et de toute déclaration à ce propos.
Les ministères de L‘Intérieur et de l’Economie avaient, rappelle-t-on, mal apprécié que le PJD s’empare du « scandale » révélé par la presse concernant l’acquisition à un pris dérisoire d’un terrain appartenant au domaine public par le Wali de la région Rabat-Salé-Zemmour Abdelouafi Aftit.
Le communiqué, tout en démentant la cession de ce terrain au Wali de la région, s’en prend indirectement au PJD qu’il ne nomme pas, l’accusant de récupérer cette affaire à des fins électoralistes et de politique politicienne sous le couvert de la bonne gouvernance et de l’interdiction des conflits d’intérêt.
Selon ce site et certains médias, le Wali aurait acquis ce terrain de 3755m2, situé dans un des quartiers chics de Rabat au prix de 350 dh le m2 ce qui, pour eux, constitue un conflit d’intérêt.
A cet égard, Mohamed Yatim membre du PJD a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, souligne la même source.
La décision de Benkirane de « clouer le bec » à ses fidèles s’apparente plus à une manœuvre de la part de Benkirane qui, il faut le reconnaitre, excelle dans l’art de la provocation. Tantôt il jette de l’huile sur le feu, tantôt il tente de l’étouffer. C’est ce qu’on appelle jouer au pompier pyromane.
Décidément, il ne recule devant rien ce Benkirane qui, au fur et à mesure que la date du scrutin législatif s’approche (le 7 octobre), il innove dans les provocations, comme ce fut le cas le jour où il a été parmi les premiers au monde à adresser un message de félicitations à son mentor le turc Erdogan suite à l’échec de la tentative du coup d’état militaire, un message adressé à travers un canal différent que celui utilisé par le gouvernement marocain à travers le ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Ce dernier agit pourtant normalement sous la tutelle du chef du Gouvernement et est donc officiel, si l’on en croit Benkirane qui de temps à autre nous parle d’un autre « gouvernement tapi dans l’ombre ».
Pour revenir à la décision de Benkirane de museler ses partisans en les sommant de ne piper mot concernant le communiqué conjoint Intérieur-Economie et Finances -fait rarissime, voire unique dans l’histoire du gouvernement- force est de reconnaître que le chef du PJD a peut être bien agi, pour éviter une énième crise au sein d’un même gouvernement. Mais il y a lieu de reconnaître également que Benkirane aurait dû faire la même chose, clouer le bec à son apprenti sorcier, membre de la jeunesse du PJD Omar Senhaji, qui n’a pas hésité un seul instant à mettre en garde, sur son mur Facebook, tous ceux qui critiqueraient son parti sous peine d’être exécutés sans pitié. Dans le jargon pénal, cela s’appelle l’incitation au meurtre.
«Ceux qui écrivent des futilités et croient, ce faisant, que cela les distinguera au sein de la société et leur procurera de l’estime, méritent d’être tués sans pitié. Et que leurs têtes soient séparées de leurs corps et exhibées sur la place publique pour que cela serve de leçon et terrorise tous ceux qui penseront à faire de même», a-t-il écrit. Plus daech que ce jeune, tu meurs…décapité.
Le silence assourdissant du PJD et de son chef, face à ce genre de propos, a vraiment de quoi inquiéter.