Après avoir été informé par les autorités françaises de leur intention de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara, le régime algérien a réagi comme il a l’habitude de le faire.
Le communiqué algérien était tellement outrancier et maladroit qu’il a été retiré, dans sa version en français, du site du ministère algérien des affaires étrangères quelques heures à peine après y avoir été affiché. Inexplicablement, APS a usé du même procédé, ne gardant que la version en arabe. Seuls les professionnels de la communication diplomatique au sein du gouvernement algérien ou de l’Etat-major de l’ANP pourront nous expliquer les soubassements de cette décision. On peut supposer que c’est une reculade à moitié – qui ne dit pas son nom. Les autorités algériennes nous ont habitués aux actions irréfléchies, précipitées, vite regrettées.
Outre ses excès de langage et ses fautes de français, le texte était une entorse aux usages protocolaires et une mauvaise manière faite aux Français. Ces derniers, qui ne connaissent que trop bien la mentalité des dirigeants de leur ancien département d’outremer, ne peuvent pas ne pas avoir prévu la réaction tonitruante d’Alger. Il ne serait pas étonnant que les diplomates français aient informé à dessein l’Algérie, alors que rien ne les y obligeait, pour provoquer une réaction prévisible. Plus le régime algérien proteste, plus il dévoile sa vraie face et s’enfonce.
Panique à Alger
Il est, comme ça, des mots, des formules et des symboles qui ont le don d’hérisser le régime algérien et de le faire sortir de ses gonds. Dites «Sahara marocain» ou «autonomie», ou mieux encore, exhibez une carte du Maroc dans une réunion ou sur un maillot, et c’est panique à Alger. Vade retro !
Les responsables algériens, civils ou militaires, qui veillent au grain et ne laissent rien passer concernant le Sahara marocain auraient pu, auraient dû, se contenter d’informer leurs supplétifs basés à Tindouf et leur dicter la conduite à tenir. Il faudrait bien qu’ils servent à quelque chose, ces gens-là, ils coûtent assez cher au contribuable algérien. C’était leur donner quelque crédibilité que de leur jeter la patate chaude et les laisser aller au charbon, quitte à leur dicter le texte d’un communiqué rageur, une protestation comme Alger sait si bien les concocter.
Au lieu de cela, le polisario s’est trouvé marginalisé. Il n’a pu faire son travail d’auxiliaire intermittent et joindre ses protestations indignées à celles de ses mentors qu’après la diffusion du communiqué-vite-émis-vite-retiré. Les bandes armées de Tindouf, par précaution, ont attendu le lendemainavant de donner –timidement – de la voix.
Le texte de leur communiqué ne présente pas le moindre intérêt. Pour faire croire à l’existence de «territoires libérés», le polisario a pris l’habitude de dater ses communiqués de «Bir Lehlou» (alternativement, c’est Chahed Hafed qui est mentionné, suivi d’une indication variable, tantôt «Camps de réfugiés sahraouis», tantôt «république sahraouie»). Comme on le voit, l’imprécision et le flou sont de mise.
Il faut s’arrêter un instant sur ce point. Bir Lehlou est situé à proximité de l’angle formé par la frontière avec la Mauritanie, à l’est du Maroc. Ce lieu-dit a la particularité de se trouver dans la zone restreinte, à l’est du mur de défense. Les images satellite montrent des constructions éparpillées dans un paysage évidemment désertique. La bourgade n’a pas du tout l’air d’une «capitale». On y trouve, selon les indications figurant sur la carte, une «pharmacie al alaouiyine» et un «café du Prince Moulay Hassan». Bir Lehlou semble donc habité, et apparemment par des Marocains. Mais, de polisario, point. De «rasd», encore moins. Nulle trace du moindre bâtiment officiel. Capitale fictive d’une république fictive.
Si on ment sur le lieu d’émission d’un communiqué, on peut tout aussi bien mentir sur tout le reste, comme c’est le cas avec les «communiqués militaires» qui, notons-le au passage, ne sont plus numérotés depuis novembre 2023, leurs auteurs s’étant probablement lassés de la litanie. Rien que du pitoyable, manquant totalement de crédibilité. Ce sont les derniers soubresauts d’un groupe en état de mort cérébrale, un mirage né dans le désert et condamné à disparaitre dans le désert. «Tu es poussière, et à la poussière tu retourneras» (Genèse, 3 :19).