Des blocages et perturbations multiples dans des secteurs allant des carburants aux transports, universités naissent ou perdurent partout en France jeudi, qui est aussi la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites et la première depuis son adoption aux forceps.
Carburants
La réquisition de salariés grévistes au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille, a été prorogée mercredi pour 48 heures.
Le gouvernement envisage aussi la réquisition pour la raffinerie de Normandie, la plus grande de France, car l’approvisionnement en kérosène de l’Ile-de-France et de ses aéroports devient « critique ».
La pénurie d’essence et de diesel en stations-service va croissant : selon l’AFP, 15% des stations françaises manquent de l’un ou l’autre jeudi, et 7,65% des stations sont à sec.
Le département le plus touché est la Loire-Atlantique avec plus de 53% des stations en pénurie d’au moins un carburant.
BLOCAGE PARTIEL OU TOTAL ET MANIFS DEVANT DES LYCÉES ET DES FACS
Blocage total ou partiel, rassemblements, manifs: des dizaines de lycées et établissements universitaires sont le théâtre jeudi d’actions de protestation contre la réforme des retraites dans toute la France, à l’appel de différentes organisations de jeunesse, a constaté l’AFP.
A Paris, l’accès à plusieurs lycées était barré par des jeunes, souvent juchés sur des poubelles, notamment à Louis-le-Grand (5e arrondissement), Rodin (12e), Jules Ferry (9e), Racine (8e), Bergson ou Brassens (19e).
Devant Louis-le-Grand, 150 à 200 personnes étaient rassemblées, avec des pancartes « Macron démission » ou « La retraite avant l’arthrite », scandant « Paris, Paris soulève toi », selon une journaliste de l’AFP. « On est en désaccord avec différentes actions du gouvernement, dont l’utilisation abusive du 49.3 », a déclaré Emma, élève de khâgne, 19 ans.
Au lycée Rodin, une centaine de jeunes organisaient un barrage filtrant devant les grilles, où sont accrochées des pancartes « Température ambiante: 49.3 C » ou « L’eau bout à 100 degrés, le peuple à 49.3 ».
« Depuis une semaine, on note une effervescence populaire car le 49.3 ne passe pas. On continue à se battre, on n’a pas le choix », déclare à l’AFP Manès Nadel, responsable fédéral Paris de La Voix lycéenne.
Le syndicat étudiant L’Aternative comptabilisait quelque 80 écoles et universités mobilisées en France, dont une soixantaine bloqués au moins partiellement ou occupés.
La fac de droit d’Assas, à Paris, était notamment bloquée pour la première fois depuis le début du mouvement sur les retraites, avec une centaine d’étudiants présents devant une banderole « Grève générale, Assas la rouge », a contaté l’AFP.
A Marseille, un rassemblement s’est tenu sur le parvis du lycée Thiers (centre-ville) et les accès à la fac Saint-Charles sont bloqués. « Il y a beaucoup de colère, en raison aussi de la garde à vue de d’étudiants et de la répression policière », témoigne Grégoire, étudiant en
informatique.
A Lyon, la direction de l’Ecole normale supérieure (ENS) a annoncé l’annulation des cours après le blocage de l’accès à deux sites.
A Toulouse, l’entrée de l’université de Toulouse-Mirail était elle aussi bloquée, selon des étudiants sur place, tout comme Sciences Po Toulouse, l’école d’ingénieurs Insa et le lycée Saint-Sernin (centre-ville). Les deux autres facs de la ville fonctionnent en revanche – malgré un vote d’étudiants en AG la veille – en raison d’un nombre insuffisant d’étudiants mobilisés.
A Rennes, plusieurs lycées étaient bloqués et les cours suspendus à l’université de Rennes-2, fer de lance de la contestation.
Ports
A Boulogne-sur-Mer au petit matin, des manifestants ont érigé des barrages avec des barrières, poteaux électriques couchés, palettes, à l’entrée du port et de la zone industrielle de Resurgat. Le tout dans une ambiance festive, avec la présence d’étudiants et la visite du député LFI François Ruffin.
A Caen, le port est également bloqué.
A Calais, des retards sont enregistrés sur les ferries traversant la Manche et le monde portuaire transmanche est fortement représenté dans la manifestation qui s’est élancée dans la ville.
Trains
A Paris, plusieurs centaines de manifestants ont envahi les voies Gare de Lyon, tout comme à Brest ou à Narbonne.
Plusieurs centaines de manifestants protestant contre la réforme des retraites ont envahi les voies Gare de Lyon, à Paris, interrompant la circulation des trains, a constaté un journaliste de l’AFP.
Suite à une assemblée générale interprofessionnelle, quelque 800 personnes – cheminots, personnels de santé, professeurs, élus… – ont investi les voies vers 11H30, dans les fumigènes et les pétards.
Sont présents, entre autres, les députés Eric Coquerel et Thomas Portes et la députée européenne Manon Aubry (tous LFI), a remarqué le journaliste.
Les trains affichent 30 minutes de retard, selon SNCF Gares & Connexions.
Ailleurs en France, la SNCF a recensé des manifestations « ponctuelles, comme à Nice et Toulouse par exemple, qui impactent pendant quelques minutes uniquement nos circulations », selon un porte-parole.
Routes
A Toulouse, le périphérique a été fortement perturbé le matin en raison d’un feu de palettes, pneus et conteneurs à poubelles mais les voies ont été dégagées.
A Lille, des manifestants ont bloqué un accès à la rocade au sud de la ville, une action terminée à 10H00 selon la police.
A Argœuves près d’Amiens, des barrages filtrants sont organisés dans une zone industrielle.
Dans l’Oise, sur l’A1, un échangeur à Chevrières et les bretelles d’accès sont fermées en raison de manifestations.
A l’aéroport de Roisy-Charles-de-Gaulle, environ 70 personnes ont bloqué l’accès au terminal 1, mettant en place un barrage filtrant pour ralentir les passagers quittant l’aéroport. Ils ont été délogés à 10H00 par la police.
En Meuse, des barrages filtrants sont organisés à Bar-le-Duc et Verdun.
Transports en commun
A Rennes, le réseau de bus est « très fortement perturbé ».
A Saint-Brieuc et Evreux, le trafic est quasiment paralysé.
A Toulouse, des barrages filtrants sont organisés, selon la CGT, aux dépôts de bus Tisséo de la région toulousaine mais sans blocage.
A Nice, la moitié des lignes de bus environ sont à l’arrêt, tout comme les trois lignes de tramway.
A Marseille, 16 lignes de bus sur 80 sont à l’arrêt.
Transport aérien
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d’annuler 30% de leurs vols à Paris-Orly et 20% à Marseille-Provence, Toulouse-Blagnac et Lyon-Saint-Exupéry en raison de la grève des contrôleurs aériens.
Les aéroports de Montpellier et Pau ont été brièvement fermés jeudi matin en raison de l’absence de contrôle aérien.
Universités et écoles supérieures
Toulouse: l’université Toulouse Mirail est bloquée. Sciences Po Toulouse continue son blocage et l’Insa (ingénieurs) démarre le sien.
Marseille: à la faculté Saint-Charles, quelques dizaines de personnes ont monté des barricades de trottinettes, vélos électriques et poubelles renversées.
Selon le syndicat étudiant Alternative jeudi matin, 80 universités et écoles sont mobilisées: 26 universités (Paris, Clermont, Poitiers, Tours, Strasbourg, Grenoble, Chambéry, Versailles, etc) sont bloquées; 33 écoles d’arts, arts déco, universités occupées; 22 écoles d’architecture et universités pratiquent des cours banalisés (non obligation d’y assister).
Lycées
Marseille: Plusieurs dizaines de lycéens bloquent l’accès du prestigieux lycée Thiers, sauf pour les bacheliers et les étudiants en classes préparatoires.
Toulouse: le lycée Saint-Cernin du centre-ville est bloqué.
A Montpellier, les lycées Clémenceau, proche du centre-ville, et Agropolis, en périphérie nord, sont entièrement bloqués.
Déchets
Au 18e jour de la grève des éboueurs à Paris, les trois usines d’incinération desservant la capitale, situées à Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen, sont bloquées, indique à l’AFP le syndicat métropolitain qui les gère, le Syctom.
A Brest, l’usine d’incinération de déchets reste bloquée, pour le quatrième jour consécutif, par une cinquantaine de personnes, selon FO pour qui « les troupes sont motivées comme jamais ».
Divers
A Sarreguemines, grève à l’usine Continental où Christophe Jacquemin, secrétaire CGT USTM (union des syndicats des travailleurs de la métallurgie) rappelle que « travailler jusqu’à 64 ans, ce n’est pas possible pour beaucoup de métiers (…). Donc nous nous mobiliserons jusqu’au retrait ».
A Paris, la mairie du Ve arrondissement a ouvert ses portes sans électricité, la CGT revendiquant une coupure ciblée visant la maire Horizon Florence Berthoud, favorable à la réforme.
Toujours selon la CGT, « un grand hôpital public parisien de l’AP-HP a été mis en gratuité ».