Dans un discours datant du 19 juin 1975, le défunt président algérien Houari Boumediène a explicitement reconnu la marocanité du Sahara et n’a jamais fait allusion au Polisario, ni de près ni de loin. Le document révélé par l’opposant et journaliste algérien Walid Kébir est un coup dur porté à la propagande des généraux d’El Mouradia.
Le discours a été prononcé à l’occasion du dixième anniversaire du «redressement révolutionnaire», bien entendre le coup d’État mené par le régime de Boumediène contre le président légitime de l’époque Ahmed Ben Bella. Dans une publication sur Facebook, Walid Kébir a expliqué que ledit discours est conservé dans les archives du journal libanais «Annahar» relatives au dossier du Sahara marocain.
«Nous avons, alors, respecté les choix de nos frères et voisins, quels qu’ils soient et quelle que soit notre position à ce sujet, partant (du principe) de non-ingérence dans leurs affaires intérieures», a notamment dit le défunt chef d’État. À comprendre qu’il considérait la question du Sahara comme une affaire qui ne concernait en rien l’Algérie. Il renchérit : «S’agissant de l’avenir de cette région, qu’elle devienne marocaine ou mauritanienne, qu’une partie intègre le Maroc et que l’autre soit annexée à la Mauritanie, l’essentiel pour nous est que ce Sahara devienne (une terre) arabo-islamique.»
Ainsi, Walid Kébir conclut que Houari Boumediène n’a pas soufflé un mot sur le fantoche mouvement séparatiste, bien qu’il soit constitué deux ans avant le discours en question. Il rappelle que le défunt chef d’État avait salué les efforts marocains et mauritaniens de mettre un terme à l’occupation espagnole de cette région, d’autant qu’il n’a, à aucun moment, évoqué le scénario de son indépendance, ce qui contredit la version des officiels algériens.
Après avoir proclamé son intention de ne pas s’immiscer dans les affaires de ses voisins, Boumediene va opérer un revirement en juillet 1975, a fait remarquer Walid Kébir, estimant que ce changement d’attitude a coïncidé avec le retour d’une visite au Maroc d’Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères à cette époque.
En conclusion, Walid Kébir a lancé une série d’interrogations aux médias de la junte militaire, à ses porte-voix et à Ammer Ben Jamaa (représentant permanent à l’ONU), qui ne cesse de rabâcher les mêmes thèses éculées. «Quelle est votre appréciation des propos tenus par Houari Boumediène le 19 juin 1975 ? Que pensez-vous de sa position officielle soutenant la coopération entre le Maroc et la Mauritanie pour libérer le Sahara marocain ? Que pouvez-vous dire du fait de n’évoquer ni la question de l’indépendance du Sahara, ni le mouvement Polisario ?» Questions somme toute pertinentes, pour les vrais connaisseurs du dossier.