Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Mohamed Boussaid le ministre des Finances a affirmé que la vocation africaine du Maroc « ne repose ni sur une vision mercantiliste ni sur un point de vue strictement financier. Elle relève d’une conviction profonde de la nécessité de renforcer l’intégration régionale, dans toutes ses dimensions ».
Cela dit, Boussaid a affirmé que « les appuis accordés aux pays africains frères revêtent un caractère beaucoup plus institutionnel que financier et n’ont pas d’impact significatif sur les finances publiques de notre pays ». Ainsi, l’essentiel de l’appui apporté par le royaume prend la forme d’assistance technique et de partage d’expertise dans les domaines où il dispose d’un savoir-faire reconnu, notamment dans l’agriculture, l’énergie, la pêche, la formation profes- sionnelle, la logistique, ainsi que dans le cadre des rencontres institutionnelles des différentes commissions mixtes entre le Maroc et ses partenaires africains, a-t-il précisé.
En effet, le ministre de l’Economie et des finances a indiqué au magazine africain que les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne ont affiché une progression, passant de 3,5% en 2008 à 7% en 2016. » En plus de la mise en œuvre réussie des accords (de partenariats que le Maroc a conclus avec plusieurs pays et groupements régionaux, du potentiel de coopération et des perspectives qui se profilent depuis le retour du Maroc à l’Union africaine), libérer le potentiel des échanges commerciaux repose aussi sur la multiplication des connexions directes entre le Maroc et ces pays».
Ainsi libérer les échanges commerciaux est établit grâce à divers connexions. Le ministre rappelle que « la Royal Air Maroc dessert plus de 30 destinations, avec 170 vols hebdomadaires vers les principales villes du continent. Et, grâce au port Tanger Med, des liaisons hebdomadaires sont aussi assurées avec près de 35 ports en Afrique de l’Ouest. À cela s’ajoutent d’autres facteurs d’appui, comme l’amélioration de l’assurance à l’export et le soutien des opérations d’ouverture de lignes de crédit pour la garantie de paiement des transactions commerciales ».
Par ailleurs, Boussaid a clairement indiqué que la zone de libre-échange continentale « permettra de donner une forte impulsion aux échanges commerciaux intrarégionaux, qui affichent encore un niveau très bas. Ils représentent moins de 17 % du commerce total du continent en 2016, alors qu’en Europe, par exemple, ce taux culmine à 68,5 % ».
Il ne s’est ensuite pas privé de préciser que les accords important signés récemment prouvent l’engagement réel de la dynamique du Maroc par rapport aux investissements directs étrangers. En effet, « en 2016, la part de l’industrie a représenté 70 % des IDE marocains en Afrique, avec plus de 2,2 milliards de dirhams [environ 196,2 millions d’euros] investis ».
Il a fait remarqué que les projets ne concernent pas uniquement les finances et les télécoms, mais « ces projets portent notamment sur la production d’engrais au Gabon, au Rwanda, en Éthiopie et au Nigeria, sur le ciment – dans une dizaine de pays –, sur l’industrie pharmaceutique en Côte d’Ivoire et au Rwanda, le montage de camions au Sénégal, l’industrie agroalimentaire en Guinée, au Bénin ».
Ainsi, Boussaid a confirmé à « Jeune Afrique » que le commerce intrarégional « demeure une source intarissable de création de richesse et contribue à l’édification de profils de spécialisation économique compétitifs. De toute évidence, la zone de libre-échange continentale profiterait du dynamisme de l’économie marocaine et de son positionnement géostratégique auprès des acteurs clés du system mondialisé. Elle constituerait aussi un levier de diversification de l’offre marocaine exportable, notamment au niveau des marchés dynamiques de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Est. In fine, cette zone de libre-échange consacrerait le statut de hub régional que le Maroc est en train d’édifier dans une multitude de domaines, notamment le transport, la finance, la formation et l’éducation ».
En revanche, le ministre de Finances a affirmé, en réponse à l’appui de l’implantation des PME-PMI en Afrique, que ces entreprises marocaines ont toute leur place en Afrique. Il a précisé que « ce processus nécessite, d’abord, une forte volonté de la part de ces entreprises de s’embarquer dans une expérience internationale et d’identifier des niches, voire des opportunités de joint-ventures avec des entreprises locales, afin d’optimiser leur accessibilité aux marchés. L’appui et l’accompagnement des pouvoirs publics apparaissent déjà dans le cadre des accords de coopération et des mesures de facilitation avec les pays partenaires, ainsi qu’à travers les actions de sensibilisation et de mise en réseau menées par les organismes de promotion économique ».
Il a tenu à assurer que l’exposition entre les banques marocaines et leurs filiales africaines est marginale d’après la dernière mission d’évaluation du secteur financier, menée conjointement par le FMI et la Banque mondiale en 2015, « l’impact sur leurs résultats s’élève à environ 1 % du capital réglementaire de nos trois banques implantées à travers le continent ; quant à l’impact sur le ratio d’adéquation du capital, il est négligeable ».
Pour sa part, Bank Al Maghrib « améliore de manière continue sa surveillance transfrontalière, et un dispositif de contrôle a été renforcé à travers le déploiement d’une approche de scoring des implantations de ces groupes en Afrique. Aussi, la coopération avec les banques centrales du continent a été renforcée par la conclusion de deux nouvelles conventions de coopération et la révision de deux anciens accords, afin de couvrir le traitement des difficultés bancaires et la coordination en matière de gestion des crises » a-t-il précisé.
En outre, Mohamed Boussaid a souligné que « la demande d’adhésion du Maroc à la Cedeao est une suite logique du retour du royaume à sa famille institutionnelle africaine. L’appartenance à des communautés régionales est l’un des canaux essentiels par lesquels transitent les rapports d’un pays membre avec l’Union africaine. Cette adhésion se justifie aussi par la qualité exceptionnelle des relations du Maroc avec plusieurs pays membres de la Cedeao, en plus des opportunités économiques qu’elle recèle ».
Actuellement, la Cedeao représente 50 % à 60 % des exportations marocaines vers l’Afrique subsaharienne, néanmoins le ministre de l’Economie et des finances atteste que « sa part dans les exportations totales du Maroc – quoique en progression encourageante (3,8 % en 2016, contre 1,1 % en 2000) – demeure limitée ».