Une péniche de débarquement de la marine israélienne, l’INS Komemiyut, a fait escale à Tanger début juin pour se ravitailler alors qu’elle naviguait entre les États-Unis et Israël, selon des médias internationaux et des plates-formes permettant de suivre en instantané le trafic maritime mondial. Cela a suffit au Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation – coalition mineure d’une dizaine de mouvements islamistes ou gauchistes – de désapprouver ce qu’il a appelé «une grave atteinte à la souveraineté marocaine déjà violée», des éléments de langage qui rappellent le bourrage diffusé par le régime algérien et ses relais médiatiques.
Pour expliquer sa position, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation rappelle que Madrid a refusé à un navire israélien à destination d’Israël l’autorisation d’accoster dans un port espagnol. Or, le ministre Albares a clairement souligné que «son pays a détecté une cargaison d’armes à destination d’Israël», ce qui n’est pas le cas de l’embarcation qui s’est approvisionnée en vivres à Tanger, non armée. Le veto espagnol ne concerne que «les navires expédiant des armes à destination d’Israël et souhaitant faire escale dans un port local».
Le ministre espagnol des transports, Oscar Puente, avait indiqué qu’il s’agissait du Marianne Danica, qui allait entrer dans le port de Carthagène, dans le sud-est de l’Espagne, le 21 mai, un navire battant pavillon danois acheminant 27 tonnes d’explosifs de Madras, en Inde, à destination de Haïfa.
Islamistes et Brigades rouges numériques
Alors que des dizaines de manifestants propalestiniens protestent sans incidents devant le Parlement marocain et dans d’autres villes contre la guerre à Gaza; des activistes islamistes ainsi que des Brigades rouges numériques mènent une croisade en règle contre la diplomatie marocaine. En mars 2023, le cabinet royal a dénoncé «les dépassements irresponsables et les approximations dangereuses» du parti de la justice et du développement (PJD), formation politique dans l’opposition, après que ce dernier a accusé la diplomatie marocaine de parti pris pro-israélien. Abdel-ilah Benkiran avait critiqué les «prises de positiondu ministre des Affaires étrangères [Nasser Bourita], dans lesquelles il semble défendre l’entité sioniste (Israël) dans certaines assemblées internationales».
«La position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible», a rappelé le cabinet royal, qui réitère que «la politique extérieure du royaume est une prérogative de Sa Majesté le roi (Mohammed VI) en vertu de la Constitution». Elle «ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées», souligne le communiqué. «L’instrumentalisation de la politique extérieure du royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable», a tranché le cabinet.
Le Maroc, en pole position pour défendre les droits des Palestiniens
En plus de condamner à répétition l’escalade israélienne à Gaza, le Maroc a envoyé mi-mars 40 tonnes d’aide humanitaire dans la bande assiégée, par voie terrestre, (une première) depuis l’aéroport de Tel-Aviv. En plus, Rabat a appelé à rendre accessibles et de manière urgente toutes les voies d’acheminement vers le territoire éploré. L’aide alimentaire a été transférée au point de passage de Kerem Shalom depuis l’aéroport Ben-Gourion, avant d’être distribuée par le Croissant-Rouge palestinien en collaboration avec les équipes des Nations unies.
Sans cesse, la diplomatie marocaine met en évidence le fait «que la reprise des relations avec Israël est destinée à servir la paix dans la région et les intérêts des Palestiniens, selon les directives du roi Mohammed VI.»