Trois jours après l’une des plus grosses manifestations de l’histoire du Brésil, qui réclamait le départ de la présidente Roussef et qui a réuni 3 millions de personnes dimanche dans plusieurs villes du pays, des dizaines de milliers de brésiliens sont sortis spontanément hier soir pour réclamer cette fois la démission de l’ex président Lula, qui venait d’être nommé ministre quelques heures plus tôt.
Les manifestants réagissaient notamment à la diffusion, hier en fin de journée, de l’écoute judiciaire d’une conversation compromettante entre la présidente et l’ex-président. On entend Dilma Roussef dire à son prédécesseur qu’elle va lui faire parvenir rapidement son « décret officiel » de nomination. Elle lui glisse alors :« Ne t’en sers qu’en cas de nécessité ».
Au Brésil, cette phrase a immédiatement été interprétée comme la confirmation que l’un des objectifs de la nomination de Lula était bien de le protéger contre un éventuel placement en détention imminent dans le cadre du dossier Petrobras.
En effet, avec un statut de ministre, Lula échappe automatiquement aux convocations de la justice « ordinaire », ne pouvant répondre pénalement que devant le Tribunal suprême fédéral, chargé du volet politique de l’affaire.
L’enregistrement a été effectué le matin même par la police judiciaire et il a été rendu public par le juge Moro, en charge de l’affaire « Petrobas », le plus grand scandale de corruption qu’ai jamais connu le pays.
C’est le même juge Moro qui avait fait interpeller l’ex-président Lula le 4 mars à son domicile, pour un interrogatoire sur des soupçons de « corruption » et de « blanchiment d’argent ». A noter, le téléphone de Lula est sur écoute dans le cadre de cette enquête.
La présidence a riposté en dénonçant une « flagrante violation de la loi et de la Constitution » et en menaçant le juge Moro de « mesures judiciaires et administratives ».