Non seulement l’Algérie ne parvient plus à maintenir la paix sociale alors que son système d’aides se délite et sa manne d’hydrocarbures s’effondre, d’où elle tire plus de 95% de ses revenus extérieurs et environ 60% du budget de l’État, mais les autorités du pays et l’agence de presse officielle APS sont en déphasage complet.
L’Algérie «profite d’un répit temporaire», «la reprise dans le segment hors hydrocarbures de l’économie s’est essoufflée», «les risques inflationnistes se concrétisent», «le PIB s’est contracté au premier et deuxième trimestre 2021, suivant l’essoufflement de l’activité dans les secteurs de la construction et des services», «en l’absence d’une mise en œuvre rapide de l’agenda de réforme, la reprise sera fragile et les soldes budgétaire et extérieur se détérioreront à moyen terme», la lenteur de «la mise en œuvre de l’agenda de réformes structurelles annoncé pour relancer l’investissement et la croissance dans les segments hors hydrocarbures de l’économie» est un danger : Toutes les conclusions du dernier rapport de la Banque mondiale, au demeurant très sombre, ont été validées par les services du premier ministre algérien Aïmene Benabderrahmane, accessoirement ministre des finances.
Pourtant, dans une dépêche fielleuse consacrée au rapport, l’agence officielle algérienne APS a accusé la Banque mondiale de sortir «de son cadre d’institution financière internationale pour se transformer en un outil de manipulation et de propagande», et de distiller «des informations tendancieuses et sournoises sur la situation économique en Algérie».
La fin prochaine des subventions aux produits de base suscite des craintes en Algérie, et le dispositif de compensations est encore flou. Tous les experts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) avaient pointé la nécessité de les réduire en ciblant mieux les destinataires, mais la mise en pratique de cette directive est plus compliquée qu’elle n’en a l’air.
Fin novembre, l’Algérie a décidé de renoncer à un système d’aides qui absorbe des milliards de dollars chaque année, et soutenir directement les plus défavorisés. Les prix des fruits et légumes ont connu une flambée alarmante dans le pays. Celui de la pomme de terre a momentanément triplé à 140 dinars (0,90 euro) contre 40 dinars, sous l’effet d’une pénurie de cet aliment essentiel en Algérie, aggravée par les spéculateurs.
«La Banque mondiale (…) s’en est pris de manière maladroite et gratuite à l’Algérie où elle prédit un ‘séisme économique’, compte tenu, croit-elle savoir, de la ‘vulnérabilité’ du pays en termes d’exportations», écrit l’APS alors que les hautes autorités algériennes avaient approuvé le contenu du rapport publié.
«Cette institution perd tout ce qu’il lui reste de crédibilité», assène l’APS, du fait qu’ «elle pond des rapports fallacieux qui obéissent à un agenda au service des lobbies qui n’ont jamais cessé d’instrumentaliser des campagnes hostiles à l’Algérie».
Pour l’APS, il y a manifestement «un complot visant à nuire à la stabilité du pays» à travers ce genre de rapports «négatifs et nuisibles, fondés sur des indicateurs et des arguments non sourcés, publiés par des influenceurs et des anonymes sur les réseaux sociaux, sachant que ces derniers sont financés et parrainés par des parties n’hésitant pas à déverser toute leur haine sur l’Algérie, l’objectif étant de fausser l’opinion publique » et de « ternir l’image de l’Algérie et de semer le doute parmi les Algériens».
L’APS dénonce également «les pratiques insidieuses» de la Banque mondiale, alors qu’en janvier 2021, elle a salué les prévisions positives de la même institution relatives à l’économie algérienne.