Après le scrutin impopulaire du 1er novembre 2020 – organisé à dessein un jour anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance contre la France (1954-1962), le régime a voulu profiter du 1er novembre 2021 pour accuser le Maroc d’un incident au Sahara aux contours flous. Récit d’une fuite en avant d’un régime crépusculaire.
Les nationalismes belliqueux sont ceux des dictatures et des régimes autoritaires. le régime algérien vient de le prouver. En entretenant le mensonge d’un «peuple unanime» et revendiquant l’héritage exclusif du combat pour l’indépendance, le régime algérien ne parvient pas à pallier l’absence de légitimité démocratique qui lui fait défaut. Pire, pour en découdre avec le Maroc, il a osé souillé les sacrifices des combattants de l’indépendance.
D’un 1ᵉʳ novembre à l’autre, le contraste des images est saisissant. Le 1ᵉʳ novembre 2018, sous un ciel maussade, le défunt président Abdelaziz Bouteflika vient déposer la traditionnelle couronne de fleurs dévolue au «carré des martyrs» en cette date anniversaire du début de la guerre d’indépendance, alors que le soulèvement qui allait emporter son règne germait déjà dans les esprits. Le 1ᵉʳ novembre 2019 au matin, c’est un soleil clément qui a accueilli les premiers manifestants dans les rues d’Alger. Dans l’après-midi, ils sont des centaines de milliers à défiler aux cris d’«indépendance !». Des affiches proclamaient : «1er novembre 1954-1er novembre 2019. Vous n’êtes pas le premier colonisateur, vous partirez comme eux sont partis.»
Le président mal élu Abdelmadjid Tebboune, le 1er novembre 2020, organise un référendum sur une révision de la Constitution algérienne, une énième tentative pour cerner le mouvement prodémocratie Hirak. Le scrutin censé fonder une «nouvelle République» en Algérie a été massivement boycotté. Le taux de participation final s’est établi à 23,7 %.
Le régime algérien, confronté à une désaffection populaire massive, a décidé d’user d’un autre expédient pour 2021. Le conseil de sécurité de l’ONU a appelé la semaine passée les parties au conflit du Sahara à reprendre les négociations sans préconditions et de bonne foi, en votant une résolution prolongeant d’un an la mission Minurso dans la région.
L’Algérie, opposée à une reprise de négociations sous forme de tables rondes organisées en Suisse, a été choquée par une résolution onusienne, à rebours de ses espérances Le régime, qui mène une lutte fratricide contre le Maroc depuis fin 2020, annonce, le 3 novembre, que trois ressortissants algériens ont été assassinés par un bombardement invérifié de leurs camions alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, entre la Mauritanie et l’Algérie.
La présidence algérienne, dans son communiqué, accuse Rabat, et prend grand soin de ne pas préciser l’endroit exact où le bombardement a eu lieu. Akram Kharief, patron du site spécialisé algérien menadefense.net, a indiqué par la suite à l’AFP que les camionneurs algériens avaient été tués à Bir Lahlou au Sahara dans une zone fréquentée par les milices armées du Polisario.
En marge de cette annonce, les relais du régime ébruitent le fait que l’attaque a eu lieu à dessein un jour anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance contre la France (1954-1962), afin de déchaîner les esprits. Une effervescence nationaliste, avec des prises de parole extrêmes et des débats véhéments à la télévision, a eu lieu. Ultime recours du régime pour masquer l’absence d’un véritable projet de transition démocratique, alors que les militaires ne sont pas prêts politiquement à renoncer à l’exercice de la souveraineté nationale. Coup de tonnerre, le 5 novembre : l’ONU indique que l’incident a eu lieu le 2 novembre. Le récit du régime algérien s’écroule.
Selon le site menadefense.net, les victimes, trois chauffeurs algériens, conduisaient deux camions affrétés pour transporter du ciment vers la Mauritanie. Pure fumisterie que rien n’étaye. Le site menadefense.net avait dans un premier temps affirmé que le bombardement avait été effectué par des tirs d’artillerie de l’armée marocaine avant d’évoquer celui d’un drone armé. Les témoignages des plumes mercenaires à la solde du Polisario ne sont pas crédibles. Les pièces d’artillerie, selon le site algérien, sont trop éloignées de la zone du bombardement. Mais le mal est fait : les informations contradictoires du site ont fini par semer le doute sur l’incident.






