« L’Algérie est soucieuse d’améliorer le niveau des services fournis aux réfugiés pour préserver leur dignité« , peut-on lire dans une dépêche d’APS du 20 juin 2022. Le même jour, à la Conférence parlementaire sur la migration, qui a eu lieu à Istanbul, une députée algérienne a affirmé que l’Algérie agit dans « le respect le plus strict » des droits des réfugiés et des migrants.
À aucun moment les camps de Tindouf n’ont été cités. Pourtant, l’Algérie aurait pu saisir l’occasion pour se prévaloir de son statut de « pays d’accueil » et vanter son action en faveur des populations de ces camps. Si elle ne l’a pas fait, c’est bien parce que son bilan, en près d’un demi-siècle, est désastreux. Non seulement l’Etat algérien ne garantit à ces personnes aucun droit, mais, pire encore, il les a abandonnées à leur sort en les laissant à la merci d’un groupe mafieux et terroriste qui agit comme bon lui semble à l’intérieur des camps.
Pour Alger, les personnes qui se trouvent dans les camps de Tindouf ne sont des « réfugiés » que pour quémander l’aide humanitaire internationale. Des « réfugiés » à la carte. Le reste du temps, ces personnes sont censées constituer un « peuple » qu’on exhibe devant les visiteurs étrangers et les caméras de télévision. Le « peuple » d’une « république ».
Une « république » dans une république. Un « Etat » dans l’Etat.
L’Algérie a doté son entité des rouages de base, dans une mise en scène qui, au prix de quelques contorsions de langage, veut donner à penser que, quelque part dans le désert, il existe une « république » qui fonctionne, avec toutes ses institutions. A défaut de pouvoir réaliser son rêve hégémonique de créer un Etat entre le Maroc et la Mauritanie, l’Algérie a reproduit sur son propre sol un ersatz qui voudrait en tenir lieu.
C’est ce qui explique le dilemme et les décisions erratiques de l’Algérie depuis 1976:
– Les habitants des camps de Tindouf sont des réfugiés sans l’être. L’Algérie ne refuse pas les rations alimentaires du PAM et l’aide humanitaire, mais elle n’autorise pas le HCR à enregistrer les « réfugiés »;
– Ils ne sont pas des réfugiés et ne peuvent donc bénéficier des droits et des garanties qui sont reconnus aux réfugiés. La dépêche APS déjà citée précise que l’Algérie « œuvre à leur assurer le droit au soin partant du principe de non rapatriement forcé des ressortissant se trouvant sur son territoire« . Quid du droit d’aller et venir, voire de quitter définitivement l’enfer de Tindouf ?
S’ils étaient autorisés à circuler librement, nul doute que personne ne resterait dans les camps ;
– Ils sont les ressortissants d’une « république » qui est régie par ses propres lois, sur le sol algérien!
En territoire algérien, au milieu de camps censés abriter des réfugiés, il y a un tribunal du polisario, une prison tristement célèbre et des lieux de torture. Les autorités algériennes surveillent, interviennent parfois (souvent) mais ferment les yeux. Au regard du droit international, cette attitude de l’Etat algérien s’analyse, au minimum, comme une complicité criminelle.
Comment le gouvernement algérien explique-t-il l' »inauguration » d’un hôpital dans les camps par celui qui est présenté comme « président » de la « république » ?
Que dire de la nouvelle, annoncée en grande pompe par SPS, de la « remise de diplômes », le 17 juin dernier par « le président de la république, secrétaire général du front polisario et commandant suprême des forces armées » à une « promotion du corps de gendarmerie nationale » qui a reçu une formation à « l’école militaire du 12 octobre » ?
Que fait une école militaire dans un camp de « réfugiés » ? Quelles seront les missions de ce corps de gendarmes-« réfugiés » ? La dépêche donne la réponse: Ils serviront de « rempart contre l’escalade de la criminalité de toutes sortes et la lutte contre le terrorisme et toutes les intentions malveillantes visant à saper la sécurité et la sûreté de la patrie« . A noter que cette dépêche n’a été diffusée qu’en arabe. D’habitude, les informations de SPS sont traduites dans les langues étrangères, – sauf les communiqués à usage interne.
Par « patrie« , il faut évidemment entendre la pseudo « république« . Tribunal, prison, école militaire, armée, gendarmes, etc., tout cela dans un camp de « réfugiés » en territoire algérien.
L’Algérie a crée la « rasd » mais tous les efforts pour l’imposer ont été vains. Même la présence de cette étrange entité à l’Union africaine n’est qu’une question de temps. A l’heure venue, la diplomatie algérienne n’aura pas à faire preuve de beaucoup d’imagination pour démanteler une supercherie qui n’a jamais existé.
Les tentatives algériennes pour mettre en avant dans les innombrables « communiqués militaires » non plus les éléments du polisario mais une prétendue « armée sahraouie » sont cousues de fil blanc. Ni « armée« , ni « république« , seulement de l’enfumage fabriqué à Alger.
Le temps est venu de jeter toute la lumière sur les camps de Tindouf.
- Qui se trouve dans les camps ?
- Combien sont-ils?
- Pourquoi sont-ils empêchés de se déplacer librement ?
- Quelles lois s’appliquent dans ces camps ?
- Pourquoi l’Etat algérien s’est-il dessaisi de ses prérogatives régaliennes au profit d’un groupe terroriste à l’intérieur des camps ?
- Que font des milices armées à l’intérieur des camps ?
Ce sont là quelques –unes des questions auxquelles le gouvernement algérien devra répondre. Elles doivent lui être posées par une commission d’enquête internationale. Eventuellement, les camps devraient être placés sous une supervision internationale. L’Algérie a été récemment forcée de sortir peu à peu du placard, sous la pression des événements et son statut de « pays observateur » a volé en éclats. Le ventre mou du régime algérien se trouve à Tindouf. Les camps dont il a voulu faire un atout majeur dans sa guerre contre le Maroc pourraient devenir son cauchemar.